reprise

A bout portant : le casting parfait

L'ŒIL

Le 1 juillet 2002 - 256 mots

D’abord l’année, capitale. 1964 marque la date d’un intervalle : entre le grand classicisme et l’âge des relectures critiques. Vite résumé : à mi-chemin du plein et de l’exploration, bientôt pleine à son tour, d’un vide du cinéma et de ses mythes. Brève zone de transit, où loge A bout portant, beau polar de Don Siegel. Il recompose en une série de flash back, vieille ruse, la course de deux tueurs, d’un jeune premier, d’une garce fatale et d’un riche protecteur à la poursuite d’un million de dollars. Ici les codes commandent encore, mais prêts à exhiber leur squelette, outrés et cassés par le coloriage sixties, le désordre de la construction et la torturante interrogation placée en ouverture : comment un homme peut-il se laisser abattre sans se défendre ? Sec, quasi nu, un théâtre d’archétypes fantômes se lève et s’agite, pour lequel Siegel a réuni – à l’exception de Ronald Reagan, ridicule méchant – le casting parfait : John Cassavetes, dont la nerveuse naïveté écorche parfois le sourire (comme, rappelez-vous, dans Johnny Staccato) ; Angie Dickinson, cinq ans après Rio Bravo, si pure, si perverse ; et Lee Marvin, fabuleux killer cruel. Tous meurent à la fin, lui le dernier, pointant vers le soleil, vers rien, son index qu’un pistolet ne prolonge plus. Adéquat jusqu’au bout à son emploi, il s’effondre sans laisser de message, placide, japonais : exemplaire.

- A bout portant (The Killers), de Don Siegel. 1964. Avec Angie Dickinson, John Cassavetes, Lee Marvin, Ronald Reagan, Clu Gulager. En salles le 19 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°538 du 1 juillet 2002, avec le titre suivant : A bout portant : le casting parfait

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque