Bernard Moninot - Le grand dessein

Dans une émouvante note intitulée « Les méandres du temps », l’artiste relate sa rencontre avec Louis Aragon au début des années 1970 et comment celui-ci exigea des Lettres françaises que l’on mette à la une « B. M. l’avenir du dessin », lors de sa première exposition personnelle en 1974 à la Galerie Lucien Durand. Il y a quarante ans aujourd’hui. Depuis lors, Moninot a accompli une œuvre de premier plan que n’ont pas vraiment reconnue les institutions à la hauteur de son esprit ; et pourtant, il n’en est guère d’aussi inventive, rigoureuse et poétique. Si « le dessin n’est pas la forme » mais « la manière de voir la forme », comme l’affirmait Degas, il est chez Moninot une tentative de rendre visible le monde. Faite notamment d’œuvres récentes sur verre, papier et soie, son exposition visible une partie de l’été à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris est une invitation à mesurer la capacité de son dessin à l’exercice d’une telle révélation. Après de longues années d’enseignement dans cette maison, l’artiste quitte le navire. Il y laisse une trace subtile tant sa démarche est toute de profondeur, de transparence et d’aveuglement. Tant quelque chose de proprement métaphysique est à l’œuvre dans son travail.