Organisée du 18 au 21 avril, la foire d’art contemporain de Bruxelles distance Art Cologne et attire de nouvelles galeries américaines.
Si le cœur des artistes français balance parfois entre Bruxelles et Berlin (lire p. 18), les collectionneurs avaient, eux, à résoudre un autre dilemme l’an dernier : visiter les salons Art Cologne et dc duesseldorf contemporary, organisés aux mêmes dates, ou privilégier Art Brussels. Le combat n’était pas gagné face au titan allemand, mais la petite foire bruxelloise est sortie victorieuse du bras de fer. Depuis, les salons allemands sont en crise. Art Cologne a perdu en cours de route son directeur Gérard Goodrow – parti chez Phillips, de Pury & Company et récemment remplacé par l’ancien galeriste Daniel Hug –, tandis que dc duesseldorf a annoncé en janvier son annulation. C’est dire si une autoroute s’ouvre au salon belge ! De fait, Art Brussels a réussi à rallier Leo Koenig (New York), une enseigne qui déserte Art Cologne. « Nous avons essayé d’annuler notre participation à Bruxelles, mais ce n’était pas possible, précise toutefois la directrice de la galerie, Elisabeth Balogh. Nous tendons à réduire les foires européennes depuis que le dollar est aussi faible. Les frais sont pour nous énormes. » Schmidt Maczollek (Cologne), qui avait participé l’an dernier aux deux manifestations, a privilégié Art Brussels, en se contentant d’une apparition ténue avec l’artiste Steffen Lenk dans la section « Open Space » de la foire allemande. « Il faut que les deux salons n’aient plus lieu en même temps, relève Iris Maczollek. Ce n’est bon pour personne, ni pour les artistes, ni pour les collectionneurs, ni pour les galeries. »
« Une foire innovante »
En distançant ses concurrents, Art Brussels n’a pas abandonné sa simplicité et sa chaleur. « Art Brussels reste une foire conviviale, où il n’y a pas de saturation ou d’hystérie », remarque son fondateur, le marchand bruxellois Albert Baronian. Qui dit bon enfant ne dit pas dénué d’ambition. « On veut être une foire innovante, donner des opportunités aux jeunes galeries ; la section ”Young Talents” représente 22 % de la foire, contre 15 % en 2005 », précise Karen Renders, directrice du salon. En dépit d’un intérêt plus grand des galeries new-yorkaises telles Perry Rubinstein et Salon 94, et de la Française de New York Valérie Cueto, ou l’arrivée de Timothy Taylor (Londres), Art Brussels reste une foire belgo-française tant sur le plan des exposants que des visiteurs.
La participation française à la manifestation est souvent la marque d’un retour de politesse envers les collectionneurs belges. « On ne peut pas fonctionner uniquement sur le mail et la réputation, il faut aussi aller à leurs devants, renouer les sociabilités », souligne Nathalie Obadia (Paris). Ce que confirme Sandrine Djerouet, de la galerie Nelson-Freeman (Paris) : « Nous avions arrêté la foire il y a longtemps et les relations avec les collectionneurs belges se sont distendues au fil des ans. On souhaiterait les retrouver. Les collectionneurs belges sont les héritiers de Broodthaers, ils sont sensibles à l’art conceptuel de Mel Bochner, [Robert] Filliou, [Harald] Klingelhöller. Pour eux, une œuvre d’art n’est pas juste belle. » Même raisonnement du côté de Michel Rein (Paris), lequel a renoncé l’an dernier à Art Cologne pour rejoindre la foire bruxelloise. « Ce n’est pas une foire bling-bling, comme nous ne sommes pas une galerie bling-bling », déclare-t-il en prévoyant Jimmie Durham, Saâdane Afif, Didier Marcel et Dora García. Praz-Delavallade (Paris, Berlin) revient quant à lui avec Valentin Carron, John Miller et Philippe Decrauzat. La foire a séduit aussi cette année la Galerie 1900-2000 (Paris), laquelle mettra l’accent sur son stock contemporain avec des œuvres de Richard Prince, Nobuyoshi Araki, Joseph Kosuth ou Ian Hamilton Finlay, et, parmi les plus jeunes, de Frédéric Léglise et Xavier Escribà.
Bébés étranges
Mais c’est sans doute du côté des sections « First Call » et « Young Talents » que se presseront les collectionneurs en quête de découvertes. Cortex Athletico (Bordeaux) y orchestre un solo show des dernières photographies de Nicolas Descottes tandis qu’Elaine Levy (Bruxelles) installe les bébés étranges d’une jeune artiste, Prune, et des peintures de l’Américaine Elizabeth Huey. De son côté, Bischoff/Weiss (Londres) joue sur une sélection très british avec Ruairiadh O’Connell, jeune créateur déjà repéré par la galeriste new-yorkaise Andrea Rosen, ainsi que des peintures savoureuses de Kate Hawkins représentant des mondaines londoniennes lippues et prétentieuses. L’exact opposé des collectionneurs belges.
- Directrice : Karen Renders - Nombre d’exposants : 179 - Tarif des stands au mètre carré : 195 euros pour le programme général, 175 euros pour les « Young Talents » et 145 euros pour la section « First Call » - Nombre de visiteurs en 2007 : 31 497
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Art Brussels prend son envol
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €18-21 avril, Brussels Expo, Halls 1 & 3, place de la Belgique, 1, Bruxelles, les 18, 19 et 20 avril 11h-19h, le 21 avril 11h-22h, www.artbrussels.be
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : Art Brussels prend son envol