Italie - Politique

POLITIQUE CULTURELLE ITALIENNE

Après son échec à Florence, Eike Schmidt rejoindra-t-il Rome ?

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2024 - 526 mots

L’ex-directeur des Offices, et candidat malheureux à la mairie de Florence, pourrait être nommé au ministère de la Culture.

Eike Schmidt. © Alessandro Moggi, 2016
Eike Schmidt.
© Alessandro Moggi, 2016

Rome. Cuisante défaite pour Eike Schmidt. L’emblématique ancien directeur de la Galerie des Offices n’est pas parvenu à conquérir la Mairie de Florence. Sa liste soutenue par les partis de droite, dont celui de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, est arrivée loin derrière celle de sa rivale de centre-gauche. La capitale de la Toscane a élu avec plus de 60 % des suffrages Sara Funaro, l’adjointe au maire sortant.

« Il faut sauver le soldat Schmidt ! », entend-on dans les couloirs du ministère de la Culture. C’est en effet le ministre Gennaro Sangiuliano qui avait poussé l’Allemand Eike Schmidt, naturalisé italien en décembre dernier, dans la bataille pour ravir à la gauche son historique fief toscan. À peine nommé directeur du Musée de Capodimonte à Naples, l’ancien directeur des Offices avait annoncé son intention de retourner à Florence pour s’asseoir dans le fauteuil du maire. « Il ne trouvera même pas une chaise s’il revient à Capodimonte !, a commenté Vincenzo De Luca, le président de la Région Campanie. Je trouve son comportement insultant pour la ville [de Naples]. Se faire nommer directeur de musée pour immédiatement délaisser ses fonctions et se lancer dans une campagne électorale en se réservant la possibilité de revenir s’il est battu dans les urnes est irrespectueux. Il a offensé notre dignité. »

Le maire de Naples lui fait écho. « Il a manqué de respect à toute la ville », insiste Gaetano Manfredi. Un retour qui ne s’annonce pas à plein temps si l’on en croit le principal intéressé, qui a toujours fait fi des polémiques. Il a d’abord ignoré ceux qui mettaient en doute son éligibilité. Le directeur général d’une administration ne peut en effet se présenter à une élection qu’à la condition de démissionner ou de se mettre en disponibilité sans percevoir de rémunération. Eike Schmidt ne redoute maintenant pas de soulever de nouvelles critiques en assurant vouloir à la fois reprendre son poste de directeur de Capodimonte à Naples et diriger l’opposition municipale à Florence. « J’ai déjà effectué une série de vidéoconférences avec mes collègues de Capodimonte. J’ai toujours travaillé comme quatre, je ne suis pas inquiet », s’est-il vanté.

Un aplomb qui s’explique par l’assurance obtenue auprès de Gennaro Sangiuliano d’un prochain « parachutage ». Le « soldat Schmidt », qui ne manque pas de faire savoir qu’il entretient d’excellents rapports avec le titulaire du portefeuille de la Culture, serait ainsi sauvé en atterrissant dans le fauteuil de directeur d’un des quatre départements récemment institués dans le cadre d’une réorganisation générale. Il s’agit des départements de l’administration générale, de la protection du patrimoine culturel, de la valorisation du patrimoine culturel et des activités culturelles.

Cette possible nomination fait déjà grincer des dents au sein du ministère puisque le futur poste d’Eike Schmidt pourrait être celui convoité par Massimo Osanna, l’actuel directeur général des musées nationaux. Gennaro Sangiuliano ne pourrait que croiser son protégé. Le ministre de la Culture séjourne très souvent dans sa région natale, la Campanie. Ses intentions d’en devenir le président lors des élections qui s’y tiendront l’année prochaine sont de plus en plus difficiles à cacher.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°637 du 5 juillet 2024, avec le titre suivant : Après son échec à Florence, Eike Schmidt rejoindra-t-il Rome ?

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