Allemagne - En quête de nouveaux fonds

Le Journal des Arts

Le 19 septembre 2011 - 733 mots

Les Länder et les communes, qui financent à 80 % la culture, ont déjà amorcé depuis plusieurs années une réduction de leurs dépenses. Musées et Kunstverein se tournent vers le privé.

L ’Allemagne doit faire des économies. Même si le pays se porte beaucoup mieux que nombre de ses voisins européens, il y a bien longtemps que le gouvernement ne peut plus faire montre de largesse dans la répartition de ses budgets. Et, au vu des circonstances actuelles, la situation n’est pas près de s’améliorer. Au contraire, l’État va continuer de réduire ses frais partout où il le peut.
Sur 300 milliards d’euros environ de dépenses, l’Allemagne ne consacre que 1,13 milliard à la culture. Or il est évident qu’il est difficile de réaliser de grosses économies dans ce domaine. La moindre réduction de leurs moyens (déjà modestes) représente souvent pour les institutions concernées des pertes considérables, qui en mènent plus d’une au bord du gouffre. Il apparaît donc certain que les 700 musées d’art environ que compte le pays ne survivront pas tous aux années à venir, loin s’en faut.

Expositions grand public
En Allemagne, la culture, et en particulier les arts et la conservation du patrimoine, est traditionnellement gérée par les Länder. C’est pourquoi le financement des musées, des collections et des expositions incombe en majeure partie, soit à 80 %, aux Länder et aux communes. Comme la situation des communes est particulièrement critique – nombre d’entre elles ont amorcé au cours des dernières années une réduction de 10 % à 30 % de leurs dépenses pour la culture –, les responsables des musées allemands doivent chercher de nouvelles solutions de financement. Désormais, l’État ne peut plus leur assurer qu’une maigre subvention. L’engagement citoyen devient donc de plus en plus important, sans oublier le mécénat d’entreprise.

Comme dans d’autres pays, cette situation oblige les musées à envisager de nouvelles orientations. Les grandes institutions, surtout, tendent à programmer des expositions destinées à attirer un large public : ainsi a-t-on vu le Musée Folkwang, à Essen, proposer l’an passé « Images d’une capitale, Paris au temps des impressionnistes ». Dans la même veine, l’exposition « Visages de la Renaissance », organisée aux musées nationaux de Berlin en août dernier, a séduit un grand nombre de visiteurs.

Dans la plupart des cas, les petites structures n’ont pour leur part guère d’autre choix que de se concentrer sur leurs propres collections et de renouveler la présentation de leurs œuvres pour renforcer leur visibilité, et par là même le lien qui les unit à leur région.
Dans ce domaine, les quelque 280 associations d’art du pays jouent un rôle capital. Ces institutions typiquement allemandes, nées au début du XIXe siècle [et dénommées « Kunstverein »], présentent la particularité de ne pas posséder de collections propres et de s’être spécialisées pour l’essentiel dans l’art de leur époque. Leur financement est aussi assuré par les communes et les Länder ; toutefois les subventions versées sont en général si faibles qu’elles permettent uniquement de couvrir les frais de personnels. Plus encore que les musées, elles doivent donc leur survie au contact qu’elles entretiennent avec la population et les entreprises locales.

Il en va de même pour la conservation du patrimoine. Là encore, il existe diverses sources de financement, mais ce sont les Länder qui en assurent l’essentiel. Dans chaque région, une autorité chargée de l’entretien du patrimoine décide de ce qu’il faut restaurer, rénover, vendre ou détruire. Impossible de connaître le nombre de sites concernés, car aucun organisme ne publie de chiffre. Néanmoins, une chose est sûre : les moyens mis à leur disposition diminuent. En effet, il se trouve que le gouvernement fédéral participe à la conservation du patrimoine par le biais d’un ensemble de programmes tel celui créé en 1991 pour reconstruire les centres-villes en piteux état de l’ancienne Allemagne de l’Est. Près de 70 villes ont ainsi bénéficié de cette initiative pour la conservation des monuments historiques en milieu urbain ; elle ne s’applique pas aux seuls édifices mais à des rues ou des quartiers entiers et elle a été étendue à certaines villes d’Allemagne de l’Ouest en 2009. Or le gouvernement fédéral a annoncé en 2010 une réduction de 50 % des fonds alloués à ce programme pour les porter à 50 millions d’euros environ. La conservation du patrimoine se voit donc elle aussi contrainte aujourd’hui de se mettre en quête de nouveaux bailleurs de fonds.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°353 du 23 septembre 2011, avec le titre suivant : Allemagne - En quête de nouveaux fonds

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