QUESTION D'ACTU

Alfred Pacquement, quel bilan au MNAM ?

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 820 mots

Conservateur général du Patrimoine, né en 1948, Alfred Pacquement a rejoint le Mnam en 1974 en tant que conservateur avant de prendre la direction du Jeu de Paume puis celle du Mnam. Il quittera ses fonctions à la fin de l'année. Entretien.

Fin décembre, vous quittez la direction du Musée national d’art moderne, quel bilan faites-vous des treize années passées à la tête de cette institution ?
Alfred Pacquement : Depuis ma prise de fonction en 2000, je me suis notamment attaché à faire évoluer, autant que possible, la collection, à élargir et solidifier ce qui représente le socle du musée. Je pense qu’un des aspects qui a marqué mon passage au musée a été ma volonté d’accentuer le renouvellement de la présentation de la collection, d’activer le parcours grâce à des événements conçus à partir de notre fonds. Pendant longtemps, le Centre Pompidou a, pour ainsi dire, « masqué » son musée ; dès son ouverture en 1977, il s’est imposé comme un geste architectural et une centrale de grandes expositions temporaires, au point d’occulter le fait qu’il abritait un des deux plus grands musées d’art moderne au monde. Comme le montre la hausse de la fréquentation des collections, notre politique de réaccrochages fréquents et audacieux a contribué à accroître la visibilité du musée. Parallèlement, j’ai été très attentif à faire évoluer les relations entre le secteur public et le secteur privé, en impliquant des collectionneurs et des associations de collectionneurs dans de nombreuses activités comme le prix Marcel Duchamp ou le projet pour l’art contemporain de la Société des amis du musée.

Quelles sont les expositions dont vous êtes le plus fier ?
J’ai été particulièrement heureux de voir aboutir certains projets ; par exemple, depuis fort longtemps j’avais le désir de réaliser une rétrospective de Simon Hantaï, artiste que j’ai suivi de très près. Je suis content que nous ayons pu lui consacrer une belle exposition qui constitue le premier panorama complet de son œuvre. Dès mon arrivée, je tenais également à ce que le musée organise une grande exposition sur le sacré, un thème difficile, mais qui me paraissait très intéressant à traiter.
Je crois que la manifestation que nous avons proposée, « Traces du sacré », est une exposition qui fera date sur le sujet. Enfin, j’étais heureux que l’on organise des expositions de référence sur des artistes contemporains de premier plan comme Villeglé, Morellet, Soulages et, aujourd’hui, Pierre Huygue.

Quels sont vos projets après votre départ ?
À ce jour, je n’ai pas l’intention de prendre la direction d’un autre musée ou d’être attaché de manière permanente à une institution. J’ai davantage envie de faire tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire pendant mon mandat ; assurer des commissariats d’exposition, écrire des essais et être disponible si on sollicite mon avis sur des projets muséaux…

De quelles expositions rêvez-vous aujourd’hui ?
La majorité des expositions dont je rêvais ont eu lieu ou sont en place dans le programme du Centre Pompidou, par exemple je pensais qu’il était important d’organiser une monographie de Martial Raysse ; je me réjouis qu’elle figure dans le programme du Centre l’an prochain.

En serez-vous le commissaire ?
Non, d’ailleurs je ne me suis pas organisé pour être commissaire au Centre après mon départ. Je ne veux pas partir et rester à la fois, ce n’est pas dans ma nature. Je ne veux pas gêner mon successeur. Je ne dis pas que cela ne sera pas possible plus tard, mais aujourd’hui ce n’est pas mon projet.

Dans quel état d’esprit quittez-vous vos fonctions, êtes-vous content ou appréhendez-vous votre départ ?
Les deux à la fois ; je n’aurais pas souhaité poursuivre, car j’ai eu le temps de mener à bien mes projets au cours de trois longs mandats. Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir du temps pour moi, pour mes propres projets. Je suis excité par cette échéance. Il n’est évidemment pas question de me mettre en retraite de l’art. En même temps, vont me manquer bien sûr l’infrastructure du Centre et les échanges quotidiens avec les conservateurs. 

Repères

Conservateur général du Patrimoine, né en 1948, Alfred Pacquement a rejoint le Mnam en 1974 en tant que conservateur. Il a ensuite dirigé le Jeu de Paume, puis l’École nationale supérieure des beaux-arts, avant de prendre la direction du Mnam en 2000.

Le MNAM

Au sein du Centre Georges Pompidou, le Musée national d’art moderne conserve la première collection en Europe et l’une des deux plus riches au monde avec le MoMA de New York.

1,6 million
C’est le nombre de visiteurs des collections permanentes du Musée national d’art moderne en 2012.

« Il sera difficile de le remplacer, car c’est un très grand directeur de musée, très respecté en France et à l’étranger, qui dispose d’un vaste réseau mondial. »
Alain Seban, président du Centre Pompidou, à propos du départ à la retraite d’Alfred Pacquement, L’Œil, septembre 2012.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Alfred Pacquement, quel bilan au MNAM ?

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