Du 3 au 5 juin 2022 à Fontainebleau, le Festival d’histoire de l’art (FHA) confie le commissariat de son Salon du livre et de la revue d’art à la librairie Petite Égypte, à Paris. Entretien avec son fondateur et directeur.
Cette année, le FHA, organisé par l’INHA et le château de Fontainebleau, m’a confié le commissariat du salon, qui était auparavant coordonné par l’éditrice Monelle Hayot. J’y invite d’autres libraires, ainsi que des maisons d’édition et des institutions aux politiques éditoriales singulières (le Mucem, le Musée français de la carte à jouer, les musées de Strasbourg…) à tenir un stand. En plus d’assurer la meilleure représentation de la politique éditoriale en histoire de l’art, j’ai proposé au FHA de rendre manifeste l’inscription de la discipline dans le champ, plus large, des sciences humaines et sociales et de la création, comme la littérature, la jeunesse, la BD, etc.
Pour le Portugal, j’ai invité le libraire et éditeur Michel Chandeigne, spécialiste des pays lusophones, à tenir un stand, ainsi que la Librairie portugaise & brésilienne. Julien Viteau de la librairie Vendredi, Natacha de la Simone de la librairie L’Atelier, Antonia Carrara de la librairie After 8 Books et Aurélien Colombo de la librairie-boutique RMN du château de Fontainebleau pourront également piocher parmi les ouvrages portugais et lusophones sur l’art. Concernant l’animal, la thématique est aussi largement représentée par les libraires et les éditeurs.
Il y a beaucoup, beaucoup de livres ! Pour vous donner une idée, le salon représente 80 tables de 1 x 2 m sur lesquelles sont présentés les ouvrages. En plus des librairies que je viens de citer, une soixantaine de maisons d’édition sont présentes au salon.
Je l’ai conçu comme un plateau de jeu. Au centre du salon, un espace carré de 900 m2 est occupé par un billard français et par quatre tables de jeux de position – référence à l’essai particulièrement stimulant de Victor Claass Jeux de position sur quelques billards peints (INHA, collection Dits, 9 €). Les jeux de positions sont, à proprement parler, des discussions organisées entre des historiens, des conservateurs de musées… pour échanger autour de leurs recherches et de leurs « positions » en histoire de l’art. Ces discussions vont s’enchaîner durant les trois jours du festival. Parallèlement, des tables rondes sont programmées sur des ouvrages parus récemment. Des conférences plus formelles sont également prévues dans des salles attenantes.
L’édition d’art et le beau livre recoupent des réalités très différentes en termes de productions intellectuelles et matérielles. Il y a peu de rapports entre une monographie d’images sur un peintre et un essai scientifique sur un thème transversal de l’histoire de l’art. En tant que libraire généraliste averti – j’ai travaillé à la librairie Flammarion du Centre Pompidou –, je trouve dommage que certaines publications scientifiques ne trouvent pas leur place sur les tables des libraires généralistes. Je trouve également regrettable que la production de livres ne soit pas plus resserrée. La surproduction, qui est un problème général à l’édition, rend invisibles nombre de projets intéressants, même s’il est toujours bon d’avoir du choix.
Nous avons ouvert la librairie en 2016 avec Claire Winter. Aujourd’hui, nous sommes cinq libraires, dont deux apprentis, à y travailler. La Petite Égypte est une librairie généraliste indépendante fortement orientée littérature, sciences humaines et arts. L’histoire de l’art y est assez bien représentée. L’intérêt d’une librairie généraliste est de pouvoir créer des ponts entre les domaines, même si la lisibilité de l’espace de vente et d’achat oblige à séparer des rayons. À côté, nous programmons nombre d’animations qui prennent des formes diverses : signatures d’ouvrages, interventions théâtrales ou chorégraphiques… Tout ce qui participe à la vie de la librairie.
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Alexis Argyroglo : « J’ai conçu le Salon du livre comme un plateau de jeu »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Alexis Argyroglo : J’ai conçu le Salon du livre comme un plateau de jeu