Après plus d’un mois de grève, ponctué par la manifestation du 15 novembre, les personnels du ministère de la Culture n’ont pas obtenu satisfaction sur leurs revendications relatives à l’aménagement et à la réduction du temps de travail. Les syndicats promettent de poursuivre l’action. De leur côté, les personnels du Musée de l’Homme étaient en grève, le 19 novembre, pour s’opposer au déménagement de ses collections.
PARIS - Catherine Tasca a-t-elle peur des grévistes ? À voir son agenda vierge de manifestations officielles, on pourrait le croire. La prolongation du conflit relatif à la mise en place des 35 heures et toutes les perturbations qu’il provoque auraient pourtant justifié un investissement personnel de sa part. Le 15 novembre, plus d’un millier de manifestants ont défilé à Paris, entre l’hôtel de Sully, rue Saint-Antoine, et le ministère, rue de Valois. Dans le même temps, un mouvement de grève générale a affecté une grande partie des musées nationaux et des monuments, mais aussi les directions des affaires culturelles, les Archives, les écoles d’art, d’architecture et les services d’archéologie. Les mots d’ordre étaient simples : “une réduction du temps de travail intégrale”, de “vraies créations d’emploi” et “le maintien des acquis”.
En recevant une délégation, le cabinet de Catherine Tasca avait laissé entrevoir des ouvertures. Las, “sur l’équilibre global du texte, rien n’a fondamentalement bougé”, estime Nicolas Monquaut, de la CGT Culture. Après avoir négocié pendant près de neuf heures, le 16 novembre, les représentants des syndicats ont bien enregistré quelques concessions. Ainsi, des emplois pourront être créés sur les ressources propres de trois grands établissements : la Réunion des Musées nationaux, le Centre des monuments nationaux et Versailles. En outre, les indemnités pour le travail dominical seraient augmentées de 10 à 30 % selon les cas, et les acquis pour le personnel de nuit sont maintenus. En revanche, une réelle prise en compte des diverses pénibilités liées aux emplois postés, et a fortiori leur cumul, n’a pu être obtenue. Pour le reste, une fin de non-recevoir a été adressée à l’intersyndicale, qui indique dans un communiqué que, “sur les 35 heures hebdomadaires avec 32 jours de congés annuels, les autorités ministérielles répondent toujours par la négative”.
La semaine de congé, dite “semaine Malraux”, ne pourra donc être considérée comme un avantage acquis. Si les modulations de cycles ont été abandonnées et le principe d’une référence hebdomadaire pour tous les agents du ministère accepté, la base annuelle de 1 600 heures reste irréfragable.
Restés sans nouvelles du ministère pendant dix jours avant la manifestation, les syndicats dénoncent avec raison un dialogue social inexistant, une situation d’autant plus inacceptable face à un gouvernement de gauche. Désormais, la négociation est close, a fait savoir le ministère à l’issue de la réunion du 16 novembre. Aussi, les syndicats de la Culture entendent trouver des convergences avec ceux des autres ministères pour porter le conflit au niveau de la fonction publique dans son ensemble. Par ailleurs, “toute l’année prochaine, les musées risquent d’être secoués par des mouvements sociaux”, prévient Nicolas Monquaut. D’ores et déjà, une manifestation est prévue à Bourges, le 25 novembre, lors de la commémoration du centenaire d’André Malraux. Tout un symbole.
Comme si cela ne suffisait pas, les personnels du Musée de l’Homme, dépendant de l’Éducation nationale, étaient en grève le lundi 19 pour protester contre le déménagement de ses collections, décidé unilatéralement par la direction du Musée du quai Branly. Encore une fois, l’opacité des procédures, le mépris des personnels et la démission des responsables politiques nourrissent une légitime colère. Celle-ci s’est notamment exprimée le samedi 17 lors d’assises convoquées par le comité Patrimoine et résistance, une association née justement du refus de voir démantelé le Musée de l’Homme. Après avoir jugé désastreuse la politique générale en matière de conservation, d’enseignement et de culture, les participants ont prévu de se mobiliser contre la loi musée, qui, selon eux, risque d’accélérer le démantèlement des collections publiques.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : 35 heures...