PARIS [26.04.10] – Après avoir été cachée pendant plus de soixante-dix ans et fait les frais de plusieurs affaires judiciaires, la célèbre et précieuse collection du marchand d’art français Ambroise Vollard sera mise en vente à Londres et Paris respectivement les 22 et 29 juin 2010 chez Sotheby’s. Retour sur l’histoire de cette inestimable collection.
A l’été 1939, alors que le nazisme conduit à l’exode des milliers de familles juives, un jeune marchand d’art juif d’origine croate, Erich Slomovich, décide de cacher une collection des plus grands maîtres de la peinture impressionniste et moderne dans un coffre dans les sous-sols de la banque la Société Générale.
Le patron de Slomovich est le célèbre marchand d’art français Ambroise Vollard (1866-1939), le premier grand marchand d’art moderne fasciné par les œuvres d’André Derain dont il acheta le contenu de l’atelier en 1905. En 1901, Vollard avait organisé la première exposition consacrée à Picasso en France.
Vollard meurt dans un accident de voiture en 1939 et laisse son collaborateur, Slomovich, en possession de plus de 500 chefs-d’œuvre d’art impressionniste et moderne parmi lesquels des œuvres de Derain, Matisse, Cézanne ou encore Picasso et Van Gogh. Slomovich entrepose 140 œuvres à la Société Générale et transporte plus de 400 autres œuvres en Yougoslavie. En 1942, Slomovich meurt en déportation. Les nazis n’ont pas réussi à s’emparer de ses œuvres et celles-ci sont déposées au Musée national de Belgrade.
Ce n’est qu’en 1979 que le coffre est ouvert – le droit français impose un délai de prescription de 40 ans précise The Guardian. La Société Générale procède alors à l’inventaire du coffre dont les loyers étaient impayés depuis des décennies. En 1981, la banque envisage la vente des œuvres pour rembourser les frais de garde, mais elle est annulée face à l’opposition des ayants droits de Vollard et de Slomovich. S’en suivent des années de querelles juridiques entre ces derniers qui a été réglé en 2006.
Les œuvres vendues aujourd’hui par Sotheby’s sont celles retrouvées dans le coffre de la Société Générale et dont la propriété a été accordée aux héritiers Vollard. La vente de ces œuvres « qu’Hitler n’a pas pu voler » selon The Independent, devrait atteindre plus de 19 millions d’euros.
Parmi les œuvres figurent un portrait d’Emile Zola par Cézanne réalisé entre 1862 et 1864 et estimé entre 500 000 et 800 000 euros, mais surtout la pièce maîtresse de la vente, une toile de Derain intitulée « Arbres à Collioure » datée de 1905 et estimée entre 10 et 16 millions d’euros.
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Une partie de la collection d’Ambroise Vollard bientôt mise en vente
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