OTTERLO (PAYS-BAS) [22.03.12] – De récentes analyses aux rayons X d’une toile du Musée Kröller-Müller ont permis de confirmer les premières conclusions de 2003. « Nature morte avec des roses et des fleurs des champs », acquise par le musée néerlandais en 1974, a été définitivement attribuée à Vincent Van Gogh. PAR CHLOÉ DA FONSECA
Lors de son acquisition par le Musée Kröller-Müller en 1974, Nature morte avec des roses et des fleurs des champs était considérée comme une œuvre de Van Gogh. Mais son authenticité fut rapidement mise en doute par une série d'indices : la taille imposante de la toile, 100 x 80 cm, inhabituelle pour l’artiste, la place de la signature, en haut à droite, unique dans son œuvre et l’exubérance de l’exécution, également inhabituelle dans les peintures florales de l’artiste néerlandais.
L’attribution fut tant discutée qu’en 2003 le catalogue du musée indique que l’œuvre est « anonyme ». Aujourd’hui, grâce à l’aide d’une équipe scientifique réunissant les universités d’Anvers et de Delft, le Deutsches Elektronen-Synchrotron d’Hambourg et le Musée Van Gogh d’Amsterdam, le Musée Kröller-Müller est parvenu, après trois décennies, à prouver l’authenticité de son acquisition.
Grâce à une nouvelle machine à rayons X, les chercheurs ont pu analyser plus profondément la couche picturale sous-jacente au bouquet de fleurs. Une peinture cachée représentant deux lutteurs, connue depuis 2003, est désormais visible en détails : l’étude de la technique des coups de pinceau et des pigments a permis d’attribuer cette œuvre cachée par Van Gogh. « Grâce à cette étude, nous avons pu constater que les deux lutteurs ne sont pas complètement nus, ils portent une sorte de pantalon et c’est caractéristique de l’académie d’Anvers » déclare Sylvia Gentenaar, porte-parole du musée, à l’AFP. Van Gogh a étudié à cette académie entre novembre 1885 et janvier 1886 ; une lettre à son frère Théo évoque cette toile avec des lutteurs, l’artiste lui demande de l’argent pour acheter une grande toile, des brosses et de la peinture.
Dans une autre lettre une semaine plus tard, Van Gogh se dit ravi de son travail. De retour à Paris en février 1886, chez son frère, Van Gogh peint une nature morte par dessus ses lutteurs ; l’ « exubérance inhabituelle », un bouquet de fleurs débordant, s’explique alors par le fait que Van Gogh devait recouvrir l’ensemble de sa première peinture. « Toutes les pièces du puzzle se sont simplement mises en place » s’enthousiasme Louis Van Tilborgh, spécialiste du Musée Van Gogh d’Amsterdam, pour l’Associated Press.
« Avec cette radiographie, il n’y avait plus de doute possible » conclut Sylvia Gentenaar. Le Musée Kröller-Müller met ainsi fin à trois décennies de controverse autour de son tableau. Nature morte avec des roses et des fleurs des champs peut enfin être accrochée aux côtés des autres œuvres de Van Gogh. Le Musée Kröller-Müller possède la seconde plus importante collection de peintures et de dessins de Van Gogh aux Pays-Bas. Acquise en 1974, la nature morte avait été achetée lors d’une vente aux enchères en 1920 qui présentait 48 tableaux de Van Gogh, elle était ensuite passée entre les mains de différents propriétaires.
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Un tableau de Van Gogh authentifié grâce aux rayons X
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Abonnez-vous dès 1 €Vincent Van Gogh, Nature morte avec des fleurs des champs et des roses, 1886, huile sur toile, 100 x 80 cm - © Photo : courtesy Musée Kröller-Müller, Otterlo (Pays-Bas).