Son et lumière au château d’Auvers

Auvers-sur-Oise. En 1994, le château d’Auvers-sur-Oise faisait date avec son concept nouveau, un parcours-spectacle intitulé « Voyage au temps des impressionnistes » et visité par 75 000 personnes par an jusqu’à sa fermeture en 2016. Le Conseil départemental du Val-d’Oise, propriétaire du château, a alors lancé un appel d’offres pour renouveler le contrat de délégation de service public. L’équipe en place l’a remporté avec un projet élaboré par l’agence Oméo, qui a repensé non seulement le « centre d’interprétation », mais aussi la boutique, le restaurant et les espaces événementiels ou dévolus aux séminaires, soit d’importantes sources de revenus pour le site. La société d’économie mixte du château d’Auvers a investi 7,5 millions d’euros dans le nouveau projet.

Intitulé « Vision impressionniste, naissance et descendance », le parcours est, selon Oméo, « une expérience immersive, émotionnelle et sensorielle ». À travers huit espaces, il mène le visiteur depuis « Le Pari(s) de l’impressionnisme » jusqu’à « Monet, aux sources de l’abstraction » où sont présentés des artistes qui se sont inspirés du peintre des Nymphéas, de Kandinsky à Clyfford Still. Pendant douze minutes pour la première salle, puis cinq à six minutes pour les suivantes, le public est entouré d’images mouvantes (recourant massivement à des effets de mapping et morphing), de sons d’ambiance, de commentaires, de musique.

Marie-Cécile Tomasina, directrice du château, insiste sur la volonté de s’adresser à tous, de « donner envie de pousser la porte des musées ». En réalité, on a le sentiment d’être le spectateur d’un « son et lumière » à base de documentaires tels qu’Arte ou France 5 en diffusent. Les œuvres, nombreuses, sont toujours montrées au moins une fois dans leur intégralité, les commentaires sont sérieux et les citations sont empruntées aux artistes et écrivains de l’époque. Des films consultables dans les salles – et sur le site Internet du château – font intervenir des personnalités sur l’impressionnisme. Pourtant, on est loin du centre d’interprétation ambitionné : le propos se cantonne à la peinture de paysage, rien n’est dit sur les mouvements artistiques contemporains, et les spécificités de l’impressionnisme ne sont pas réellement définies. Quant aux quelques œuvres, mineures, de la Collection départementale du Val-d’Oise présentées dans le parcours, elles sont pour la plupart accrochées dans les couloirs. Le projet de 2017 est beaucoup moins innovant que ne l’était celui de 1994.