PARIS [27.01.12] - Xavier Darcos a présenté jeudi 26 janvier le nouveau visage de l’Institut français, ex CulturesFrance, outil de la diplomatie culturelle française. Si la volonté de donner de la cohérence à l’institution et à sa communication est manifeste, l’efficience de son action, notamment après le rattachement de 12 instituts culturels à l’établissement, reste encore à mesurer. PAR JEAN-CHRISTOPHE CASTELAIN
L’Institut français, qui présentait jeudi 26 janvier après-midi son plan d’action pour 2012, avait sans doute en tête la critique portée quelques jours plutôt par François Hollande lors de son meeting de Nantes sur « l’affaiblissement du réseau culturel français à l’étranger ». À défaut de pouvoir répliquer - du reste, comment mesurer objectivement cet affaiblissement - Xavier Darcos, son président, avait à cœur de montrer qu’il avait les idées claires sur la stratégie de cet outil de la diplomatie culturelle.
Nouveaux locaux, nouvel établissement public, nouveaux sites et applications internet, nouvelle charte de communication, nouvel organigramme, diapositives Powerpoint et graphiques-camembert (des « fromages » dans la bouche de l’ancien ministre de l’Éducation), tout concourrait à signaler un nouvel élan.
Sur le fond, peu d’informations nouvelles ont été annoncées. Xavier Darcos a confirmé ce que Le Journal des Arts publiait en novembre 2010, à savoir que depuis le 1er janvier 2012, 12 instituts culturels parmi les 102 Instituts français et 125 annexes que compte le réseau sont rattachés expérimentalement à l’Institut Français. 13 instituts étaient initialement prévus, mais comme le treizième concernait la Syrie, l’idée a été évidemment abandonnée. L’expérimentation vise surtout à préparer le rattachement global du réseau à l’Institut français en janvier 2014, car dans l’esprit de son président, ce mouvement est irréversible. Si en apparence, cette unification confère une forme d’autonomie revendiquée depuis longtemps par les acteurs de la culture, à la diplomatie culturelle, à commencer par Olivier Poivre d’Arvor l’ancien patron de CulturesFrance, c’est sur le terrain, en particulier avec les ambassades, que va se jouer la partie. Mais la tutelle du Quai d’Orsay sur l’Institut français préfigure déjà le sens de cette partie.
Le bénéfice immédiat de l’expérimentation des 12 bureaux est d’ajouter dans l’escarcelle du budget de l’Institut français (l’IF, comme l’établissement s’appelle dans sa communication), la somme de 20,9 millions d’euros à son budget de 44,6 millions d’euros. À ce propos Xavier Darcos n’a pas caché que son budget était contraint, mais que la mutualisation des moyens et le redéploiement géopolitique permettait d’assumer au mieux ses missions. Le changement de statut de l’opérateur, d’association en Établissement public culturel et commercial (EPCC), va aussi permettre d’actionner plus facilement le levier du mécénat selon une stratégie qu’affectionnent de plus en plus les pouvoirs publics : 2,7 millions d’euros sont ainsi attendus. Un indicateur est toujours très surveillé, celui de la part du budget qui est alloué aux Interventions, versus la part revenant à l’administration (dont 150 personnes à Paris). Le rattachement des 12 bureaux à l’étranger et de leur budget permet d’afficher un taux flatteur de 56,7 % consacrés aux Interventions. A l’intérieur de ce budget, le montant alloué aux actions sur le territoire français représente près de 10 %, « soit peu ou prou le financement des Saisons en France », selon Laurence Auer, la secrétaire générale de l’IF.
Sur le modèle de la Biennale de la Photo de Bamako, l’Institut Français organisera en novembre prochain une Biennale d’art contemporain au Bénin, tandis qu’au même moment se déroulera un programme d’échange entre Paris et Los Angeles. Les Saisons et Années culturelles, ces « formidables outils d’ingénierie au service du dialogue des cultures » selon les documents remis à la presse, sont bien entendu poursuivies avec en 2012 la Russie, la Croatie et plus tard, le Vietnam, la Corée et le Kazakhstan. En espérant qu’il n’y ait pas d’ici là une française emprisonnée dans l’un de ces pays, provoquant l’annulation de la manifestation comme ce fut le cas avec le Mexique en 2011.
50 ans après son indépendance, l’Algérie, aurait pu être en 2012 l’une de ces « Saisons », mais « hélas » selon Xavier Darcos cela n’a pas été possible. Même culturelle, la diplomatie a toujours des limites.
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Les habits neufs de l’Institut français
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Abonnez-vous dès 1 €Xavier Darcos le 6 novembre 2009 dans le cadre d'une réunion de la Commission nationale de la négociation collective sur le thème de l'égalité professionnelle hommes/femmes. Il était alors ministre du Travail au sein du gouvernement Fillon II - © photo ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé - 2009 - Licence CC BY-ND 2.0