Après le Louvre à Lens, le Nord Pas de Calais offre Versailles à Arras

Trois élus locaux mais aucun représentant du Musée des beaux-arts d’Arras. Le ton était donné, le 5 juillet, lors de la signature de la convention décennale liant désormais le château de Versailles à la ville d’Arras et à la région Nord Pas-de-Calais pour l’organisation de grandes expositions estampillées « Versailles » dans les locaux de l’abbaye Saint-Vaast. Celle-là même qui abrite l’un des plus riches musées du Nord-Pas-de-Calais. Soit un accord avant tout politique, qui a donné lieu à un festival d’amabilités adressées à l’hôte des lieux, l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon.

« Au nord il y avait les corons, au centre il y a Jean-Jacques Aillagon », s’est ainsi osé à dire le sénateur Daniel Percheron, président omnipotent en matière culturelle de la région Nord-Pas-de-Calais. Rien de moins. Pour les élus locaux, ce « Versailles Hors les murs » doit être érigé en symbole de la décentralisation. « Enfin les collections nationales pourront être vues par des populations longtemps frustrées » s’est exclamé Jean-Marie Vanlerenberghe, le sénateur-maire d’Arras. Oubliant au passage que le musée de sa ville, créé à l’époque révolutionnaire mais ruiné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, a bénéficié entre 1928 et 1958 d'importants dépôts de l'Etat.

Cette coopération avec Versailles devra donc permettre de créer un nouvel axe d’attractivité touristique avec le futur Louvre-Lens, situé à quelques encablures d’Arras. Non sans susciter de fortes attentes en termes de retombées économiques. « Le pouvoir d’achat venu de l’extérieur n’est ici que de 500 euros quand il s’élève à 1500 euros dans les Alpes a expliqué Daniel Percheron. Le Louvre et Versailles offrent donc au Nord Pas de Calais ce qui n’a pas de prix en termes de communication ».

La première exposition, présentée dès le 17 mars 2012 pour une durée de 18 mois et intitulée « Roulez carrosses ! », offrira ainsi à voir un « trésor méconnu de Versailles », selon Béatrix Saule, directrice du musée national de Versailles et de Trianon : sa collection hippomobile. Soit 80 pièces relatant cette histoire de la voiture à cheval, dont le clou sera les 9 neufs carrosses historiques déplacés pour l’occasion. « Ce sera la première exposition sur les carrosses en France a précisé la directrice du musée. Et d’insister : le palais de Compiègne détient une collection hippomobile plus importante, mais nous conservons les plus belles voitures ». Une manière d’insinuer que cette exposition artésienne viendra aussi constituer une – regrettable - concurrence au projet de refonte du musée de l’automobile du domaine de Compiègne (Oise). Mais dans le Nord-Pas de Calais, les collectivités locales sont prêtes à débourser 1,2 million pour assurer la production de l’événement – la convention ne prévoit toutefois aucune location des œuvres. Un budget d’exposition qui a de quoi laisser rêveur plus d’un directeur de musée territorial.