HONG KONG (CHINE) [24.03.17] - Après un lent démarrage, les ventes commencent à accélérer à mi-parcours de la foire. Marc Spiegler, le directeur d'Art Basel, explique les habitudes d’achat des collectionneurs chinois et les différences avec les éditions à Bâle et Miami.
La Chine a renforcé la limitation des sorties de capitaux. Quel est l'impact sur l'édition 2017 d'Art Basel Hong Kong ?
Marc Spiegler : Il est encore tôt pour le dire, mais je remarque que beaucoup de collectionneurs chinois ont fait le déplacement à Hong Kong. Il faut bien comprendre que les chinois qui ont de l'argent depuis longtemps ont déjà placé leurs capitaux un peu partout dans le monde ; ceux-là ne sont donc pas concernés. Le problème touche plutôt les nouvelles fortunes qui se sont mises à collectionner récemment. Maintenant, dans quelle mesure la Chine applique-t-elle ses nouvelles lois ? La question reste ouverte. La foire de Shanghai a, en effet, bien marché et les collectionneurs chinois restent très importants dans les ventes publiques. Donc, les collectionneurs passionnés ont apparemment encore les moyens d'acheter.
Le goût des collectionneurs chinois semble évoluer aujourd'hui en faveur de l'art international. N'y a-t-il pas un risque d'internationalisation du goût et, par conséquent, d'uniformisation des foires Art Basel ?
Ce risque existe, en effet, il faut donc le regarder attentivement. Toutefois, il n'est pas si important que cela. Il est vrai que les collectionneurs chinois n'achètent plus seulement les artistes chinois, et qu'ils acquièrent beaucoup plus tôt des artistes internationaux. Mais cela ne signifie pas que les foires vont se niveler. Art Basel Hong Kong ne ressemblera jamais à Art Basel ou Art Basel Miami Beach, et pour cause : lorsque nous avons acheté la foire de Hong Kong en 2011 [la première édition de la foire sous pavillon Art Basel a eu lieu en 2013, ndlr], nous avons étudié précisément le fonctionnement d'Art Basel et Art Basel Miami Beach. Et nous avons observé que les galeries européennes représentaient à peu près 50 % des participants à Bâle, et que ce taux était à peu près équivalent concernant les galeries américaines à Miami. En Asie, les galeries n'étant pas encore aussi puissantes qu'en Occident, nous avons donc instauré une règle selon laquelle 50 % des galeries exposantes à Hong Kong doivent être actives en Asie. C'est la raison pour laquelle nous avons, cette année encore, le secteur « Insights », qui est le seul secteur de toutes les foires Art Basel à posséder une définition géographique – une géographie certes étendue qui s'étend de la Turquie à la Nouvelle Zélande.
Aicon Gallery, présente cette année à « Insights », est pourtant implantée à New York…
Les galeries qui ne travaillent qu'avec des artistes asiatiques peuvent faire partie du secteur. C'est le cas d'Aicon Gallery.
Quelles sont les différences entre Art Basel, Art Basel Miami Beach et Art Basel Hong Kong ?
Chaque ville est différente ; elle nous impose, par exemple, de proposer des espaces (stands, allées…) différents selon l'architecture des lieux. Par ailleurs, nous avons une collaboration très étroite avec les villes où nous sommes. À Bâle, cette collaboration se fait surtout avec les musées ; à Miami, plutôt avec les collectionneurs privés ; quant à Hong Kong, cette collaboration se passe plutôt avec les galeries, qui organisent les expositions, les performances… durant la semaine d'Art Basel HK.
Ceci dit, l'ouverture du M [le projet de musée d'art contemporain de Hong Kong, qui doit ouvrir ses portes en 2019, ndlr] devrait changer la donne… Lorsqu'Art Basel est arrivé à Miami en 2002, il n'y avait que des collections privées, aujourd'hui il y a le Pamm [Pérez Art Museum Miami], construit par Herzog & De Meuron, un énorme musée dirigé par Franklin Sirmans, l'un des plus brillants directeurs de musées au monde. À long terme, on peut imaginer que le musée dynamisera autant la scène hong-kongaise, que les galeries… C'est un écosystème.
En dépit du public venu nombreux les jours de Preview et de vernissage, le démarrage des ventes est lent à Hong Kong. Pourquoi ?
La dynamique est différente à Bâle et à Hong Kong. Mais les ventes démarrent aujourd'hui. Les éditions précédentes, il était frappant de voir les conseillers faire tranquillement le tour de la foire les premiers jours, avant que le collectionneur ne vienne, parfois, acheter la moitié d'un stand. Mais cela évolue : les collectionneurs chinois vont un peu plus vite, car ils savent désormais qu'ils sont en concurrence avec les collectionneurs occidentaux et que ce qu'ils ont repéré le mardi, ne sera peut-être plus disponible le mercredi. Il faut dire également que, de manière générale, à Hong Kong, Bâle, Miami, comme à la Frieze, la frénésie ne tourne plus seulement autour de quelques artistes, comme avant...
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Marc Spiegler : « Art Basel Hong Kong ne ressemblera jamais à Bâle ou à Miami Beach »
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Abonnez-vous dès 1 €Marc Spiegler à la Volta New York 2009 © Photo Art Comments - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0