PARIS [27.06.16] - Des estimations initiales dépassées et de beaux prix ont marqué les vacations consacrées aux arts d’Asie de Christie’s et Sotheby’s France, malgré une seule enchère millionnaire.
Pour leurs premières sessions de ventes d’arts asiatiques de l’année en France, Christie’s et Sotheby’s ont totalisé à elles d’eux 22 millions d’euros alors qu’elles en attendaient, au regard de leurs estimations hautes cumulées 11,4 millions d’euros. Un bon score donc, mais sans commune mesure avec celui de l’an passé puisque grâce au résultat de Christie’s en 2015 - 19,2 millions d’euros - les deux maisons de vente affichaient un total cumulé de 31,6 millions d’euros.
Mais il n’est pas judicieux de raisonner en ces termes. « A partir du moment où les estimations ont été dépassées, c’est que le marché est bien portant. C’est simplement que les lots importants se raréfient car quand les objets sont de qualité, ils se vendent sans problème. L’analyse serait différente si les résultats étaient en deçà des estimations », explique Franz Fray, marchand en art d’Extrême-Orient à Paris.
Christie’s a enregistré 9 millions d’euros pour sa vente des 21 et 22 juin, dépassant son estimation initiale (5,2 à 7 millions d’euros). Certes, c’est un résultat qui reste très inférieur à celui de l’an passé qui avait atteint 19,2 millions d’euros grâce à la vente de 3 lots millionnaires qui avait à eux trois rapportés 9,6 millions d’euros, dont un rouleau Cinq cents Luohan, attribué à Gu Quan, peintre de cour actif sous le règne de Qianlong, XVIIIe siècle, qui s’était envolé à 5,6 millions. Cette année, c’est une verseuse en porcelaine bleu blanc, dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795) qui a été le plus chèrement adjugée, à 421 500 euros. En deuxième position, une paire de sellettes en laque rouge, de même époque que le lot précédent, a atteint 385 500 euros. Les années se suivent mais ne se ressemblent donc pas puisque la maison de vente n’a enregistré aucune enchère millionnaire pour cette session. « Christie’s n’avait pas les objets qu’il fallait au bon moment », résume Frantz Fray.
De son côté, Sotheby’s a récolté 13 millions d’euros, triplant presque son estimation haute, en légère hausse par rapport à l’an dernier (12,4 millions d’euros). La dispersion d’une collection privée allemande de peintures classiques et de calligraphies a largement contribué à ce succès puisqu’en tout, les 37 lots ont obtenu 6,5 millions d’euros. La plus haute enchère de la semaine, issue de cette collection, revient à un poème de Tao Yuanming, attribué à Zhao Mengfu, adjugé 1,4 million d’euros. Ce prix pulvérise l’estimation de départ (15 000 à 30 000 euros). De même, un bol en porcelaine de la famille rose, marque et époque Yongzheng s’est envolé à 987 000 euros quand une calligraphie attribuée à Shi Manqing a été adjugée 903 000 euros.
Face au décalage entre les prix d’adjudication et les estimations données dans les catalogues de ventes pour les arts d’Asie, de plus en plus manifestes même si elles ne datent pas d’hier, le Conseil des ventes dans son rapport d’activité 2015 livré le 23 juin, estime que ce constat « soulève des interrogations quant à la capacité des professionnels à apprécier l’état de la demande ». Ceci est dû à plusieurs éléments note Frantz Fray : « d’abord, les chinois sont très joueurs et aiment les estimations basses, les experts entrent ainsi dans leur jeu, mais aussi par incompétence, bien que la discipline soit compliquée à appréhender ».
A noter également le succès remporté par la dispersion de la collection Portier d’art japonais par Beaussant-Lefèvre en association avec Christie’s à Drouot le 21 juin qui a totalisé 1,5 million d’euros. L’Amour caché, une estampe de Kitagawa Utamaro a été acquise 754 800 euros (est.80 000 à 100 000 euros), un record pour une estampe japonaise aux enchères.
Toutes les adjudications sont indiquées frais compris tandis que les estimations sont hors frais.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’art asiatique se maintient à Paris
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Attribué à Zhao Mengfu Poème de Tao Yuanming calligraphié de style courant, encre sur papier, album de dix feuilles, chaque feuille 28 x 8,8 cm. Estimation 15 000/30 000 €, vendue 1,443 million d’euros, Sotheby's Paris, vente du 23 juin 2016 © photo Sotheby's