PARIS [27.06.16] - Si Sotheby’s France a réussi sa vente d’art premier du 22 juin grâce à des œuvres de qualité, en revanche Christie’s est passé complètement à côté d’un sujet qu’elle maîtrise pourtant.
A elles deux, Sotheby’s et Christie’s France ont totalisé 14,1 millions d’euros contre 22,6 millions l’an passé mais si Sotheby’s se maintient, c’est Christie’s qui boit la tasse, faute d’œuvres majeures. Il faut dire aussi que l’an passé, l’adjudication à 5,4 millions d’euros du reliquaire Kota de William Rubin avait dopé sa vente (11,5 millions d’euros).
Dans une salle comble très active où se sont déroulées de chaudes batailles d’enchères, Sotheby’s a récolté 11,3 millions d’euros, dépassant largement son estimation de départ (6,2 à 8,7 millions d’euros). Ce résultat est légèrement supérieur à celui de l’an passé (11,1 millions d’euros). La session a débuté par la dispersion de la seconde partie de la collection d’art africain de Daniel et Marian Malcolm, « une vente en forme d’hommage au goût universel du couple mais aussi à Daniel Malcolm disparu un an plus tôt », soulignait Marguerite de Sabran, directrice du département des arts d’Afrique et d’Océanie.
Sur les 12 lots, 10 ont trouvé preneur pour un total de 4,5 millions d’euros, au-delà de l’estimation haute fixée à 4 millions d’euros. La première partie de cette collection avait été dispersée à New York en mai dernier et avait récolté 5,7 millions d’euros en 11 lots. En tout, la collection, Paris et New York réunis, a rapporté 10,2 millions d’euros en seulement 22 lots. Clou de la vente, une statue féminine Chokwe (Angola) a été adjugée 2,3 millions d’euros, dans la fourchette haute de son estimation (1,5 à 2 millions d’euros). Le reste de la vacation, provenant de divers amateurs, a totalisé 6,7 millions d’euros en 58 lots, un total supérieur à l’estimation haute (4,7 millions d’euros) et un taux de vente de 79,4 %. C’est un masque Lega en ivoire (RDC), de l’ancienne collection Stoclet qui a remporté la plus haute enchère à 3,6 millions d’euros en triplant son estimation basse (est.1 à 1,5 millions d’euros). C’est également un record mondial pour une telle œuvre. « Le marché est solide pour les objets de très grande qualité. En réalisant une vente serrée (80 lots), nous avons tout gagné », se félicitait Marguerite de Sabran.
Pour ce premier trimestre, les choses démarrent plutôt bien pour Sotheby’s Paris quand Sotheby’s New York a eu plus de difficulté à maintenir le cap, suite à des estimations trop gourmandes. En mai dernier, la maison new-yorkaise n’a obtenu que 6,9 millions d’euros pour sa vente d’art premier contre 6,8 à 10,2 millions d’euros attendus. A cela s’ajoutait un taux d’invendus de 40 %, des œuvres phares non vendues ou d’autres encore cédées à la limite de leur estimation basse.
A Paris, le 23 mai dernier, l’OVV Binoche et Giquello obtenait un bon score lors d’une vente dans la spécialité avec un total de 2,5 millions d’euros, la fourchette haute de son estimation. Le Musée du quai Branly avait d’ailleurs préempté le lot phare, une statuette Akyé (Côte d’Ivoire) recouverte de feuilles d’or, pour la somme de 624 800 euros.
Christie’s, en revanche, n’a pas su profiter de la dynamique parisienne, entre les nombreux marchands qui se préparent pour le Parcours des mondes en septembre et la célébration des 10 ans du Musée du Quai Branly. En cause « un catalogue qui n’était pas à la hauteur des espérances », confie un connaisseur du marché. En clair, les lots présentés étaient de qualité moyenne. La vente a totalisé 1,2 million d’euros, soit deux fois moins que l’estimation basse (est. 2,5 à 4,3 millions d’euros). 56,4 % des lots n’ont pas trouvé preneur, un pourcentage élevé pour la spécialité et les 3 lots les plus chèrement estimés sont restés sur le carreau. Seul un reliquaire Kota (Gabon), qui faisait partie de la collection Jacqueline Loudmer (1,6 million d’euros récoltés pour les arts premiers) dispersée en association avec AuctionArt en première partie de journée a suscité de vives enchères. Adjugé à un acheteur belge à 505 500 euros, il a multiplié son estimation haute par 10.
Toutes les adjudications sont indiquées frais compris tandis que les estimations sont hors frais.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les ventes parisiennes d’art premier à deux vitesses
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Statue féminine Chokwe Angola, 35,5 cm de hauteur. Estimation 1,5/2 M€ - Vendue 2,275 M€ (frais compris) - Sotheby's Paris, vente du 22 juin 2016 © photo Sotheby's