PALMYRE (SYRIE) [26.05.15] – Classée Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, Palmyre abrite les ruines monumentales d'une grande ville antique. Certains monuments postérieurs à l’Empire romain subsistent également, comme le château-fort mamelouk surplombant la ville.
Située à 210 km au nord-est de Damas, Palmyre est mentionnée pour la première fois dans les archives de Mari au IIe millénaire av. J.-C., sous le nom sémitique de Tadmor (« la Cité des palmiers »). Elle subit l'influence des Amorrites, des Araméens, des Syriens hellénisés, qui la nomment Palmyre (grec Palmura), et des Arabes.
Surnommée « la perle du désert », Palmyre est une oasis fertile située à proximité d'un passage montagneux, en plein cœur du désert syrien, au carrefour des routes commerçantes reliant la Perse, l'Inde et la Chine à la Méditerranée.
Palmyre entra sous contrôle romain dans la première moitié du premier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie. Elle s’est imposée du Ie au IIIe siècle comme le plus important marché de produits orientaux et principale ville caravanière de l'Empire romain, prenant le relais de Petra.
Au cours du IIIe siècle de notre ère, avec l'avènement de la dynastie sassanide au trône parthe et la reprise des hostilités contre les Romains, Palmyre a également assumé un rôle stratégique et militaire important. C’est l’époque de la légendaire reine Zénobie, qui conquit toute la Syrie et fit de Palmyre un foyer culturel brillant du Proche-Orient.
La ville antique
Palmyre offre un rare exemple d'un ancien complexe urbanisé d’époque gréco-romaine. La majorité des habitations ayant été construites en briques crues, ne subsiste aujourd’hui que les vestiges des grands monuments publics, dont les principaux sont le temple de Bel, la grande colonnade bordée de boutiques, le théâtre romain, les tétrapyles, l’Agora reconstruite vers l’époque d’Hadrien et le camp de Dioclétien. Les ruines de nombreux temples, dédiés à Nabô ou encore Baalshamin, sont également conservées.
Longue de 1100 m, la grande colonnade constituée de plusieurs centaines de colonnes de près de dix mètres de haut, dont les célèbres colonnes torses, constitue l'axe monumental de la ville qui, avec d'autres rues secondaires perpendiculaires également bordées de colonnes, relie les principaux monuments publics et les quartiers d'habitations. Le grand temple de Bel, dieu de la cité formant une triade avec les dieux lunaire Aglibôl et solaire Yarhibôl, est considéré comme l'un des plus importants monuments religieux du Ier siècle en Orient par sa conception unique.
En dehors de la ville habitée, le long des quatre principales routes d'accès à la ville, se dressent les vestiges d'un aqueduc romain et la « Vallée des tombeaux », constituée d'immenses nécropoles. Le groupe le plus ancien et le plus distinctif est représenté par des tours funéraires, grands bâtiments de grès multi-étages appartenant aux familles les plus riches, tandis que les autres sépultures sont pour la plupart des caveaux souterrains ornés de niches contenant les bustes des défunts.
L'ornementation architecturale, qui présente notamment des exemples uniques de sculpture funéraire, associe les formes de l'art gréco-romain à des éléments autochtones et à des influences perses dans un style profondément original. La reconnaissance de la splendeur des ruines de Palmyre par des voyageurs occidentaux aux XVIIe et XVIIIe siècles a eu une influence décisive sur le renouveau ultérieur des styles d'architecture classiques et de l'urbanisme en Occident.
Les époques postérieures
Palmyre fut en partie détruite par les Arabes qui prirent la ville en 634, et connut au cours des siècles suivants d’importantes transformations. Certains monuments sont encore visibles actuellement. Les califes omeyyades firent construire dans la steppe aux environs de Palmyre des domaines luxueux, comme Bkhara au sud-est, ancien fort romain transformé en château omeyyade, ou le palais de Hisham à Qasr el Heyr el Gharbi, à l’ouest de la ville. En 1132, quand Palmyre dépendait des Bourides de Damas, le chambellan Nasir ad-Din transforma le sanctuaire de Bel en forteresse, et la cella du temple fut transformée en mosquée.
Le château de Fakhr-al-Din al-Ma'ani, surplombant la ville à l’ouest, aurait été construit par les mamelouks au XIIIe siècle, et est nommé d’après l’émir Fakhr-al-Din II, qui a étendu les domaines druzes à la région de Palmyre au cours du XVIe siècle. La citadelle occupe une position stratégique, avec des fortifications aux murs épais et élevés, un fossé et un accès unique à travers un pont-levis.
Le site de Palmyre a été classé monument national et est protégé par la Loi nationale sur les Antiquités n° 222, amendée en 1999. Depuis l'inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco en 1980, la population de la ville adjacente s'est développée et empiète sur la zone archéologique. Le site a également été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2013, avec cinq autres sites syriens (villes antiques d’Alep, Bosra et Damas ; Crac des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din ; villages antiques du Nord de la Syrie).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les trésors archéologiques romains de Palmyre… et les autres
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Le tétrapyle de Palmyre en Syrie © Photo Bernard Gagnon - 2010 - Licence CC BY-SA 3.0