CAEN (BASSE-NORMANDIE) [26.11.14] – Le parquet a requis 50 000 euros d’amendes à l’encontre d’Eric Vannier, ex-maire du Mont-Saint-Michel et patron du groupe Mère Poulard, accusé de prise illégale d’intérêt par Patrick Gaulois, son concurrent. En février 2013, il avait été condamné à 30 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Coutances.
L’affaire des navettes touristiques du Mont-Saint-Michel se poursuit et les peines pourraient s’aggraver pour Eric Vannier, ancien maire de la commune et propriétaire du groupe hôtelier et alimentaire Mère Poulard. Le procureur a requis en appel une peine de 50 000 euros d’amende, à Caen le 24 novembre 2014.
C’est son rival commercial Patrick Gaulois, maire du Mont-Saint-Michel de 2001 à 2008, qui est l’auteur de la plainte déposée en mai 2011, accusant Eric Vannier, maire de 1983 à 2001 et de 2008 à 2014 de prise illégale d’intérêt. Selon Patrick Gaulois, celui-ci aurait profité de son statut d’élu pour favoriser les affaires de son entreprise. Le parquet avait donné suite le 26 octobre 2011. Le 27 février 2013, le tribunal correctionnel de Coutances avait condamné Eric Vannier à 30 000 euros d'amende, annulant une peine de six mois de prison avec sursis requise par le parquet.
Propriétaire de plusieurs dizaines de commerces sur le Mont-Saint-Michel, Eric Vannier avait, lorsqu’il était en fonction, fait installer le départ des navettes prévoyant le cheminement des touristes de la côte vers le Mont devant ses établissements. Cet emplacement se trouvant à 900 mètres du parking, les visiteurs étaient alors obligés de parcourir une distance de quatre kilomètres à pied aller-retour, en comptant la distance qui sépare le point d’arrivée et la porte du Mont. Une baisse de la fréquentation du site avait alors été enregistrée, et le 3 juin 2013, le point de départ des navettes avait finalement été transféré vers celui qui était prévu dans la déclaration d'utilité publique : le parking. Des arrêts devant des commerces concurrents du groupe Mère Poulard furent instaurés.
« J'ai eu une attitude impartiale. Je réfute absolument les éléments de l'accusation », a soutenu l’homme d’affaires, affirmant avoir « l'intime conviction » que le changement de l’emplacement de départ des navettes n'avait aucun d'impact sur ses activités commerciales. Il a assuré à de nombreuses reprises s'être battu pour « l'intérêt général ». Son avocat Maître Jean-Yves Le Borgne a plaidé : « Le point de départ devant les commerces de Monsieur Vannier à 900 mètres du parking, ce sont les préfets, le président du syndicat mixte et son directeur qui [en] ont décidé lors d'un déjeuner en juillet 2009, ce qui sera entériné » en octobre 2009 par le syndicat mixte par seize voix pour, dont celle d’Eric Vannier, trois abstentions et une voix contre, rapporte l’AFP. L’avocat général Marc Faury a qualifié les interventions de l’accusé de « lourdes » et estime qu’il les a poursuivies « jusqu'à s'enliser ». Selon lui, il se serait « fait omniprésent » lorsqu’il était en fonction pour que ses commerces captent « l'intégralité des flux touristiques ».
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, le Mont-Saint-Michel est au centre d’un grand projet d’aménagement prévoyant notamment le désensablement du site afin de rétablir son caractère insulaire et maritime. Ce pôle touristique de la région de Basse-Normandie attire chaque année entre 2,5 et 3,5 millions de visiteurs. Sa célèbre abbaye figure en tête de liste des sites les plus rentables des Monuments nationaux, avec près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.
La décision de la cour sera rendue le 2 mars 2015.
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Peine aggravée requise en appel contre l'ex-maire du Mont-Saint-Michel
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Abonnez-vous dès 1 €Le Mont-Saint-Michel - © Photo W.Rebel - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0