Saisie d’œuvres d’art dans le port de Rio

Si la fraude fiscale est un sport moins populaire que le football, c’est sans doute que tout le monde n’a pas les moyens de le pratiquer. Au Brésil comme ailleurs, elle trouve néanmoins ses adeptes, même en période de coupe du monde. Le site O Globo révèle que dimanche dernier, dans le port de Rio à quelques kilomètres du Maracanã, le fisc brésilien a saisi 18 œuvres d’art entrées illégalement sur le territoire brésilien. Parmi les auteurs célèbres de ces peintures et sculptures, Anish Kapoor et Antony Gormley pour les étrangers, Sergio Camargo, Cildo Meireles ou encore Beatriz Milhazes côté brésilien. La valorisation totale estimée se situe autour de 10M BRL, soit environ 3,3 millions d’euros. Le mode opératoire est simple : une entreprise de fret intègre à des containers de déménagement - de particuliers modestes de préférence, ayant peu de chances d’être contrôlés – des œuvres d’art appartenant à des collectionneurs ou des receleurs brésiliens souhaitant éviter les impôts d’importation. L’enquête du fisc brésilien devra déterminer qui sont les commanditaires des œuvres en provenance des Etats-Unis, qui ne figuraient pas dans les registres de pièces volées.

Anish Kapoor, une antenne parabolique
De tels contournements ne sont pas nouveaux. En 2006, une œuvre de Cândido Portinari avait ainsi intégré les collections du Musée National des Beaux-Arts (MNBA) après avoir été appréhendée dans le port de Santos. C’est de nouveau le MNBA qui accueille en ce moment, jusqu’à la fin de l’enquête, les œuvres qui ont souffert pendant leur voyage des températures avoisinant les 80 degrés et des taux d’humidité évidemment élevés. Pour la directrice, il ne fait nul doute que la justice laissera les œuvres intégrer les collections du MNBA qui « sera le premier musée public brésilien à exposer Anish Kapoor ».

Le miroir concave géant de l’artiste indien, vendu l’an passé 1 million US$ lors d’une vente new-yorkaise, voyageait sous l’identité d’une antenne parabolique. La taille de la caisse ayant intrigué les douaniers, ils ont inspecté plus avant le déménagement d’une manucure de 75 ans qui revenait de 21 d’expatriation aux Etats-Unis avec quelques meubles sans valeur. Dans le container d’un autre particulier a priori modeste, c’est un tableau de Sergio Camargo estimé à 2 millions US$... Une aubaine inattendue pour les musées publics brésiliens, qui n’ont pas encore les moyens d’une véritable politique d’acquisition.