Un rapport de l’Europe sur sa diplomatie culturelle

La Commission européenne vient de publier un rapport dressant le bilan de la diplomatie culturelle dans les relations extérieures de l’Union. Il fait suite à une enquête menée durant 6 mois, et s’inscrit dans une action préparatoire de renforcement des relations culturelles internationales de l’Union Européenne. Le rapport pointe notamment des dysfonctionnements dans la stratégie actuelle de l’Union, préconisant des actions pour y remédier.

L’Union Européenne s’est attachée depuis le milieu des années 2000 à renforcer le rôle de la culture dans sa diplomatie. En 2005, elle adhérait à la Convention UNESCO de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Un an plus tard, elle mettait en place un réseau européen d’instituts culturels nationaux, en vue d’accroître la coopération culturelle entre Etats membres. Par ailleurs, en 2007, un agenda pour la culture a été publié, notant l’importance de la culture comprise comme « élément clef des relations internationales ».

Toutefois, le bilan dressé par le rapport démontre des carences certaines dans la réalisation des objectifs fixés par l’Union. S’agissant de la convention de 2005, il est notamment fait état du non-respect de certaines dispositions touchant aux principes de mutualité et de réciprocité, ce qui tendrait à accroître la frilosité des Etats membres mais aussi des Etats tiers partenaires. Le rapport de la Commission déplore également la réelle complexité des procédures de demandes de financement européen, qui freine considérablement le « déploiement de la culture dans les relations extérieures ».

Les rédacteurs du rapport ont établi une liste de recommandations afin de mettre en œuvre des « projets pilotes » et pallier ainsi les carences d’une stratégie européenne mal définie. Aussi, le rapport préconise l’adoption d’un mécanisme de coordination « à la fois simple et solide » au sein du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), fédérant toutes les directions générales concernées de la Commission européenne. Le rapport recommande aussi l’adoption d’une « gouvernance à géométrie variable », incluant divers acteurs de la culture au sein du processus décisionnel. Dans le même temps, de nouvelles méthodes de financement culturel doivent être envisagées, comme le cofinancement, le financement groupé, les partenariats public-privé ou encore la mise en place de fonds de fiducie. Le rapport vise également à plus de complémentarité dans le tissu diplomatique des instituts culturels ou attachés nationaux déployés dans l’Union. Dans un souci de respect de la Convention de 2005, il est par ailleurs recommandé de faciliter la mobilité des opérateurs culturels via le réexamen du régime des visas. La demande des jeunes en matière de culture doit également être appréhendée au sein de la stratégie européenne, grâce notamment à divers programmes d’échanges dans les domaines de l’éducation et de la culture.

Dans un second volet, la Commission appréhende les relations culturelles entre l’Union et les Etats tiers, par l’élaboration de sous-rapports établis par pays (26 au total dont l’Algérie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Brésil, le Canada, la Chine, l’Egypte, la Géorgie, l’Inde, Israël, le Japon, la Jordanie, la Corée du Sud, le Liban, le Mexique, la Moldavie, le Maroc, la Palestine, la Russie, l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Ukraine, et les Etats-Unis).

Les recommandations visent essentiellement le renforcement de la diplomatie à l’intérieur de l’Union, espérant ainsi des répercussions sur les relations extérieures dans un second temps.