Le musée Folkwang d’Essen annule une exposition de Balthus par crainte de poursuites judiciaires pour pédophilie

Le musée Folkwang d’Essen devait accueillir en avril 2014 une exposition de polaroids réalisés par Balthus (1908-2001) à l’âge de 80 ans. Au total 2 400 polaroids, non signés, représentent un même modèle, Anna, âgée de huit au début des séances de pose, à moitié dévêtue ou bien prenant des poses suggestives. Ne pouvant plus dessiner, l’artiste français d’origine germano-polonaise avait recours à ce moyen pour préparer ses tableaux.

L’hebdomadaire allemand Die Zeit avait annoncé la future exposition à Essen en décembre 2013, et lancé le débat sur la présumé pédophilie de l’artiste, à l’occasion de deux expositions controversées au Metropolitan Museum of Art et à la galerie Gagosian de New York. L’hebdomadaire allemand rappelle que l’utilisation de modèles très jeunes est un classique de l’histoire de l’art, citant notamment Fränzi, modèle fétiche de Kirchner à partir de ses huit ans. Si des faits de pédophilie sont avérés, une procédure pénale doit être engagée, professe Die Zeit.

Il faut cependant séparer l’homme de l’artiste. « A l’ère d’Internet, les pédophiles n’ont pas besoin de l’art pour se sentir émoustillés » conclut l’article ; « non, on peut montrer les photos de Balthus. Mais la question est de savoir si on doit absolument les montrer ».

Face à la polémique, le musée Folkwang a décidé de reculer : la direction craignait des conséquences juridiques. L’Office de la jeunesse d’Essen et les autorités concernées avaient averti le musée de poursuites judiciaires potentielles, voire de la possibilité d’une censure de l’exposition. « Un tel développement de l’affaire sur la base de la législation actuelle n’irait pas dans le sens de l’intérêt artistique du projet, et contredirait la mission et la responsabilité du musée Folkwang », a précisé la direction dans un communiqué.

L’exposition, qui devait ouvrir ses portes le 5 avril prochain, a purement et simplement disparu du site web du musée.