ROME (ITALIE) [07.10.13] – Un tableau retrouvé dans l’héritage d’une famille italienne aurait été identifié, après des examens scientifiques approfondis, comme le Portrait d’Isabelle d’Este peint par Léonard de Vinci et resté inédit, uniquement connu par le dessin préparatoire du Musée du Louvre.
Sette, le magazine du quotidien italien Corriere de la Sera, a annoncé le 4 octobre 2013 avoir retrouvé un tableau inédit de Léonard de Vinci dans la succession d’une riche famille italienne. L’œuvre reprend exactement les traits du dessin conservé au Musée du Louvre représentant la marquise de Mantoue Isabelle d’Este. Carlo Pedretti, plus haute autorité universitaire sur De Vinci, l’aurait identifié comme le portrait d’Isabelle d’Este que l’on pensait n’avoir jamais été réalisé, faute de l’avoir retrouvé. La toile, qui mesure 61cm de haut sur 46,5cm de large, aurait été découverte dans le coffre-fort d’une banque suisse appartenant à une famille italienne restée anonyme, par Ernesto Solari, professeur d’art qui aurait consacré sa vie à l’étude de l’œuvre de Léonard de Vinci. Solari aurait alors prévenu Carlo Pedretti de sa trouvaille. Pour éviter une polémique susceptible d’être ravivée par les révélations rocambolesques des romans de Dan Brown au large succès public, les journalistes du Corriere della Sera, prévenus très tôt par Pedretti, évoquent la nécessité d’un silence médiatique de trois ans et demi de manière à laisser s’effectuer en toute discrétion une étude approfondie de l’œuvre.
Afin d’assurer son authentification, des tests au carbone 14 et à la fluorescence auraient été réalisés, de même que des micro-prélèvements de la matière picturale et de la toile. Les conclusions de Carlo Pedretti sont sans équivoque : les pigments seraient exactement les mêmes que ceux habituellement utilisés par De Vinci, la préparation de la toile correspondrait à la méthode du peintre qu’il a décrite dans un Traité de la peinture, et l’analyse à la fluorescence aurait révélé la présence sous-jacente d’un livre placé devant la main de la jeune femme représentée, qu’elle indique de l’index, exactement comme sur le dessin du Louvre. Enfin, l’analyse au carbone 14 justifierait une réalisation entre 1460 et 1650, ce qui correspond à la période de vie du peintre (1452-1519).
Deux éléments, absents du dessin du Louvre, auraient néanmoins été rajoutés postérieurement par les élèves du peintre, Salaì et Melzi : la couronne dans la chevelure et la palme dans la main. Un parallèle iconographique aurait ainsi été créé avec Sainte Catherine d’Alexandrie, vierge martyre du tournant du IVe siècle et patronne des jeunes femmes célibataires. Isabelle d’Este a pourtant été mariée à l’âge de quinze ans à François II de Mantoue. La présence sous les repeints du livre, symbole de l’érudition de la marquise et de son important mécénat des artistes (dont Andrea Mantegna qui a réalisé son célèbre studiolo), pourrait indiquer la volonté des élèves de De Vinci de transformer ce portrait civil en portrait religieux.
La datation proposée par Pedretti est la période comprise entre 1513 et 1516. Le dessin du Louvre a été réalisé en 1499 lors d’une visite de Léonard de Vinci à Mantoue, à la demande d’Isabelle d’Este. Très satisfaite de cette esquisse, la marquise avait ensuite échangé des lettres avec le peintre, à partir de 1500, dans le but d’obtenir de lui un tableau peint, mais aucune preuve épistolaire n’a été conservée quant à un possible agrément de ce dernier. La mention dans une lettre datée de 1517 d’un « portrait d’une dame lombarde se trouvant dans le château de Blois » avait engagé de nombreux historiens d’art à voir dans la célèbre Joconde du Musée du Louvre, le fameux portrait d’Isabelle d’Este.
Si la découverte de ce nouveau portrait viendrait renforcer la distinction déjà acquise entre les deux œuvres, le lien qui existe indubitablement entre elles serait, selon le Corriere della Sera, d’une grande importance pour la compréhension de l’œuvre de De Vinci. La tête de profil, qui rappelle l’art des médailles en vogue dans la cour des Este, contraste avec la pose de trois quart du buste, coupé très bas, qui serait identique (bien que symétrique) à celui de la Joconde, avec au moins une main bien visible. L’éclairage serait également similaire. De réalisation antérieure, ce tableau serait donc un précurseur de la Joconde, et justifierait aussi les théories de l’autre spécialiste mondial du peintre, Martin Kemp, qui affirme que Léonard ne finissait jamais ses œuvres, ces dernières étant terminées par ses élèves.
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Le portrait d’Isabelle d’Este peint par Léonard de Vinci, dont le Louvre possède l’étude préparatoire, aurait été retrouvé
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