Le patchwork patrimonial d’Aurélie Filippetti

Comme chaque année ou presque, les journées du Patrimoine sont l’occasion pour les différents ministres de la Culture de rappeler l’importance du patrimoine et d’annoncer quelques mesures plus ou moins d’envergure. L’an dernier, Aurélie Filippetti avait choisi sa région, Metz, pour prononcer son discours, cette année c’était le musée Guimet à Paris, histoire de rappeler la nomination en cœur de l’été, d’une femme, Sophie Makariou à la tête de l’établissement. Malgré la rhétorique de la ministre qui n’a pas lésiné sur les critiques à l’égard de ses prédécesseurs, il ne s’agit d’une nouvelle politique patrimoniale, mais d’un patchwork de mesures qui vont du recrutement de dix nouveaux architectes en chef des monuments historiques à un texte de loi sur la réorganisation des espaces protégés en passant par la confirmation de projets initiés avant son arrivée (Maison de la culture en Guyane, accueil du Louvre) ou la participation à un projet interministériel de gestion des archives numériques. La seule véritable nouveauté concerne l’installation des réserves du Louvre à Lens.

Le cœur des mesures est un toilettage du droit relatif aux espaces protégés. Le texte est prêt (non communiqué) et doit être envoyé aux ministères concernés dans les prochains jours pour une présentation en Conseil des ministres avant la fin de l’année. La ministre espère un vote en mai ou juin 2014. Cette présentation a également été l’occasion pour Aurélie Filippetti de marquer une fois encore son autorité dans la reprise en main du Louvre Abou Dhabi. Le départ d’Henri Loyrette a manifestement redistribué les cartes entre le musée et le ministère. Elle n’a cependant pas dit comment elle allait dédommager les émiriens après l’annulation de l’engagement de renommer le pavillon de Flore en pavillon cheikh Zayed (le fondateur des Emirats arabes unis). De même, la ministre est restée muette sur le budget 2014 du Patrimoine, dont il est fort à parier qu’il sera en baisse. De sorte que ces annonces apparaissent comme un lot de consolation pour des déceptions à venir.