MARSEILLE [02.09.13] - Le salon marseillais gagne encore en qualité et s’affirme comme une très sérieuse alternative aux foires traditionnelles.
Il se passe quelque chose à Marseille. Pas une sinistre actualité mais au contraire une réjouissante rentrée artistique par l’entremise d’Art-o-Rama, qui a ouvert le bal de la saison en grillant la politesse aux galeries parisiennes et autres foires d’automne. Inaugurée le 30 août et visible jusqu’au 7 septembre telle une exposition « traditionnelle » après un premier week-end marchand, la septième édition du salon marseillais confirme non seulement la nature singulière de sa formule, qui dédie notamment un secteur à des partenaires culturels invités à faire état des résidences ou productions dans lesquelles ils se sont engagés, mais encore la belle qualité globale de sa proposition, encore améliorée par rapport à 2012.
« Ce qui frappe ici c’est d’abord une atmosphère globale », relevait le galeriste Rolando Anselmi (Berlin), qui présentait notamment de belles pièces de Davide Balliano interrogeant en finesse, par le biais notamment de peintures abstraites et de quelques moulages de la forme d’une icône, la nature de l’image et sa lisibilité. Le même ajoutait, comme en écho à l’opinion de tous ses confrères présents : « j’apprécie particulièrement le concept très expérimental de la foire, où chacun doit venir avec un véritable projet curatorial ; c’est quelque chose d’unique parmi les foires internationales. »
Lui comme beaucoup d’autres se sont portés candidats à la sélection par le biais du bouche à oreille, ayant entendu dire qu’il se passait quelque chose de différent dans cette manifestation. Le bouche à oreilles, c’est sans doute ce qui a convaincu de nouveaux collectionneurs de faire le déplacement, mais aussi quelques journalistes étrangers venus pour la première fois. Autre signe que l’aura de la jeune foire s’est encore accrue, certains directeurs de manifestations commerciales, quoique d’ampleur bien plus importante, ont eux aussi fait part d’une curiosité de bon aloi en venant y prendre la température : on pouvait ainsi croiser dans les travées les directeurs d’Art Rotterdam, d’ARCO (Madrid) ou de Loop (Barcelone).
C’est qu’en plus d’être décontractée, en particulier grâce à son positionnement encore estival qui n’entre en concurrence avec aucun autre événement, et audacieuse à travers des propositions originales et prospectives – notamment celle d’Antoine Levi (Paris) qui a installé ses tableaux du polonais Piotr Makowski sur un simple mur recto-verso, ou celle de Sabot (Cluj) jouant non sans ironie avec différentes formes d’abstraction géométrique –, Art-o-Rama est studieuse et le public s’y montre très attentif et curieux. Chez In Situ Fabienne Leclerc (Paris), présente pour la seconde année consécutive et qui montrait en particulier Meschac Gabac et Mark Dion, Antoine Laurent notait « y [avoir] fait des affaires convenables ; ce salon nous permet de connaître de nouveaux collectionneurs, notamment un mouvement d’acheteurs locaux assez jeunes qui se met en place, et d’y retrouver certains de nos collectionneurs fidèles. »
Parmi les autres propositions, l’alignement d’un très bel ensemble d’œuvres de Jimmie Durham exécutées à des périodes très diverses et amenées là par Kurimanzutto (Mexico) permettait, si besoin en était, d’appuyer sur la remarquable logique de son travail. Chez 22,48 m2 (Paris), Claudia Larcher retenait l’attention avec sa manière de décontextualiser dans la photographie des architectures pourtant très connotées, au Japon.
Alors que certains rendez-vous parfois font du remplissage, la taille du salon marseillais reste modeste, avec dix-sept exposants cette année, soit un peu moins qu’en 2012 qui en avait rassemblé vingt. Pour Jérôme Pantalacci, son directeur, « il n’y a pas ici de politique du chiffre. Le comité et moi-même avons estimé qu’il y avait dix-sept propositions intéressantes parmi celles qui nous sont parvenues, il n’était pas nécessaire d’en rajouter. »
Alors que manifestations off et foires de province souvent peinent à convaincre par un manque d’homogénéité qualitative, justement conséquence du remplissage, c’est donc tout l’inverse qui se produit là. Nuls stands bâclés mais partout de véritables projets dont on ne peut que reconnaître le caractère manifestement pensé et la précision de l’accrochage, même si par endroits l’on n’est pas sensible aux œuvres exposées en elles-mêmes.
Art-o-Rama est désormais un rendez-vous qui compte et, certainement, comptera plus encore dans le futur si perdurent l’exigence qualitative et l’ouverture d’esprit qui le gouvernent.
Jusqu’au 7 septembre, La Cartonnerie, Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, 13003 Marseille, tél. 04 95 04 95 36, art-o-rama.fr.
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Art-o-Rama en ascension constante
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Abonnez-vous dès 1 €La Friche de la Belle de Mai, Marseille - © Photo Superbenjamin - 2013 - Licence CC BY-SA 3.0
Tomas Saraceno, Pinksummer(Gênes)