LOS ANGELES (ETATS-UNIS) [19.08.13] – L’artiste américain Allan Sekula, auteur d’un discours critique conjuguant image documentaire et texte, également théoricien et enseignant, est mort à l’âge de 62 ans.
Atteint d’un cancer, Allan Sekula est mort dans la nuit du samedi 10 août à Los Angeles. Il avait 62 ans.
Représentant de la « New Social Documentary », Allan Sekula a constitué pendant quarante ans une œuvre présentant un discours militant et critique, s’exprimant par l’intermédiaire de l’image utilisée sous une forme documentaire (qu’elle soit photographique ou filmique), souvent conjuguée à l’essai. Il associait les deux par le biais de livres, ou de projections utilisant des diaporamas, « œuvre entre photographie et cinéma, une sorte de cinéma primitif, incapable de synthétiser le mouvement ».
Au contact de « l’expérience quotidienne sous et contre l’emprise du capitalisme », il a développé une méthode qu’il résume sous la formule du « réalisme critique » et s’est interrogé sur les conditions sociales, les échanges économiques et la mondialisation.
La photographie comme « outil »
Né en 1951, Sekula suit dans un premier temps des études scientifiques à l’université de San Diego avant d’opter pour une filière artistique sous les conseils de John Baldessari. Il commence à s’exprimer en réalisant des performances, mais rapidement est attiré par la documentation, et s’intéresse en particulier « à l’ambiguïté de la fonction documentaire, à l’effacement esthétique et à l’ouverture sur le monde de la photographie », stimulé par l’idée de « trouver un moyen de redonner vie à la dimension sociale du documentaire » au début des années 1970.
Sekula réalise en 1972 Untitled Slide Sequence , une série d’images à la sortie d’une usine aérospatiale californienne en pleine guerre du Vietnam, puis Aerospace Folkstales centrée cette fois sur le rapport entre économie et cellule familiale, prenant la sienne comme objet d’analyse, avant d’écrire son article manifeste en 1976, Dismantling Modernism .
Fasciné par le monde maritime, il effectue une enquête ambitieuse de 1989 à 1995 qui débouche sur la publication de Fish Story . Œuvre phare de l’artiste, comprenant 105 photographies, une vingtaine de textes et deux diaporamas, cette étude menée à travers différents ports du globe s’intéresse à la partie peu visible des flux commerciaux maritimes, dont les containers constituent, pour lui, les emblématiques « cercueils de la main-d’œuvre absente ». Toujours en lien avec la mer et portant sur les « coulisses de la mondialisation », il réalise avec Noël Burch le film The Forgotten Space en 2011.
Allan Sekula collectionnait des objets de marins et de dockers. Ces objets, qui comme les textes sont avant tout des éléments de contextualisation des photographies, étaient exposés à la Criée à Rennes en 2012. A Paris la galerie Michel Rein l’a exposé à plusieurs reprises en 2001, 2008, 2011 et 2012.
En juin 2013, le Centre Pompidou organisait un colloque intitulé « La photographie au travail », et le Museum of Modern Art de New York expose depuis mai 2013 et jusqu’en janvier 2014 des photographies de la série Fish Story aux côtés d’autres œuvres récemment acquises de photographes tels que Robert Frank, Stephen Shore ou encore Paul Graham .
Egalement historien de la photographie, Allan Sekula enseignait par ailleurs au California Institute of Arts depuis plus de vingt ans.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Décès de l’artiste américain Allan Sekula
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Allan Sekuyla, Shipwreck and Workers, Kassel, 2005-2007 - © Photo Julian Stallabrass - 2010 - Licence CC BY 2.0