OSLO (NORVÈGE) [07.01.13] – La municipalité d’Oslo a décidé de mettre en vente un autoportrait d’Edvard Munch, conservé au musée Munch. Le conseil municipal assure respecter le testament de l’artiste, et pensait avoir trouvé dans le Centre Pompidou un acheteur potentiel, une information démentie par l’institution française.
La récente décision prise par la municipalité d’Oslo de mettre en vente un autoportrait d’Edvard Munch suscite de nombreuses interrogations. L’œuvre en question – une photographie tirée à 5 exemplaires réalisée vers 1930 – qui montre l’auteur du Cri de profil, dans son jardin à Ekely fait en effet partie de l’immense donation faite par l’artiste à la ville d’Oslo avant sa mort, et qui forme aujourd’hui les collections du musée Munch.
Ivar Johansen, membre du parti SV (l’aile gauche du parlement norvégien) a protesté contre cette vente rappelant qu’une des principales volontés de Munch au moment du legs était que l’ensemble de son œuvre ne soit pas dispersé après sa mort.
La ville d’Oslo assure cependant que la vente n’a rien d’illégale, et qu’elle ne va pas à l’encontre du testament de Munch. L’artiste avait laissé des instructions concernant les « œuvres graphiques », mais aucune mention explicite n’est faite pour les photographies présentes dans le legs. Fort de cette interprétation du texte, le Conseil municipal en a donc conclu qu’il pouvait disposer de cette partie de la collection.
« Je ne peux pas comprendre qu’ils soient autorisés à gérer cet héritage de cette manière » a déclaré Elizabeth Munch-Ellingsen, l’arrière-petite-nièce du peintre, qui ne voit dans l’initiative d’Oslo qu’une manière de financer les dépenses municipales.
Il est vrai que le Conseil prévoit d’injecter la somme générée par la vente dans le financement des divers événements prévus par la ville pour célébrer le 150e anniversaire d’Edvard Munch en 2013. Il a cependant nié être motivé par le profit, arguant le fait que la cession de l’autoportrait à un établissement public international permettrait à un plus large public d’accéder à l’œuvre de Munch, « l’artiste national » de la Norvège.
La production photographique de Munch reste une partie méconnue de son œuvre. Elle est pourtant un des médias qui l’amèneront à l’introspection et à l’illustration de son narcissisme (en témoigne le très large choix d’autoportraits récemment présentés durant l’exposition « L'œil moderne » à Beaubourg). De plus, cet autoportrait réalisé vers 1930 – année où Munch est victime d’une hémorragie oculaire qui le poussera à explorer la déformation optique dans la suite de son œuvre – le présente à une période charnière de sa vie et de sa carrière.
Autant de raisons qui font de cette photographie une œuvre rare et symbolique qu’il vaudrait mieux conserver au musée Munch. C’est en tout cas l’avis d’Ivar Johansen. Le parlementaire craint que cette vente n’ouvre la voie à un démantèlement progressif de la collection, qui pourrait aboutir à la fermeture du musée, dont l’avenir – rénovation différée oblige - est déjà incertain. Quant à l’argument selon lequel la vente permettrait un meilleur accès à l’œuvre du peintre, Johansen rétorque qu’un simple prêt sur longue durée pourrait donner le même résultat, sans pour autant priver la Norvège de son patrimoine.
Les photographies détenues par le musée Munch n’ayant jamais été présentées sur le marché, il était difficile de déterminer leur valeur réelle. Oslo à donc fait appel à l’expertise de Christie’s New York ainsi qu’à celle de la Tate Modern afin de fixer l’estimation. La municipalité ne perd pas de temps, et semble même avoir légèrement anticipé en déclarant que « le Centre Pompidou avait offert 30 000 euros » pour l’œuvre. Interrogé à ce sujet, le Centre Pompidou a indiqué « qu’aucune procédure d’acquisition n’était en cours ».
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La mise en vente d’un Munch par la ville d’Oslo fait polémique
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Munch, Oslo (Norvège) - © Photo Frode Inge Helland - 2007 - Licence CC BY-SA 3.0