La David and Gladys House de Franck Lloyd Wright menacée de démolition

Par Anouk Rijpma · lejournaldesarts.fr

Le 4 octobre 2012 - 586 mots

PHŒNIX (ETATS-UNIS) [04.10.12] - La « David and Gladys House » réalisée par l’architecte Franck Lloyd Wright en 1952 dans le quartier de l’Arcadia en périphérie de la ville de Phœnix, pour son fils David et sa femme Gladys, est menacée de démolition. Rachetée en mai 2012 par un cabinet de promoteur, celui-ci envisage de la remplacer par deux maisons de luxe. Une éventualité jugée inadmissible par certains.

« L’une des vingt œuvres les plus significatives de Franck Lloyd Wright … L’une de ses œuvres les plus novatrices, insolites et personnelles » : tels ont été les termes employés par l’historien de l’architecture Neil Levine pour qualifier ladite David and Gladys House conceptualisée par l’architecte américain et témoigner de son unicité. Laquelle a même été désignée par le New York Times, le 2 octobre, de « fils prodige » du Guggenheim Museum. Et pour cause : la spirale interne qui charpente la demeure aurait été l’inspiratrice même de la structure blanche en hélice du musée new-yorkais conçu sept ans plus tard, soit en 1959.

A la suite du décès de son fils David en 1997, suivi de celui de sa femme Gladys en 2008, la maison avait été léguée à trois de ses arrières-petites-filles. Lesquelles l’avaient vendue peu de temps après pour une somme de 2,8 millions de dollars à un particulier, pour finir entre les mains du cabinet de promoteur 8081 Meridian Corporation en mai dernier. Depuis lors, ces derniers espèrent s’en débarrasser pour pouvoir profiter du terrain dans son ensemble – soit un hectare - et lui substituer après démolition, deux maisons de luxe.

La perspective de voir cette demeure de haut-rang réduite à néant, a suscité de virulentes protestations. Sur la ligne de front des militants à sa préservation, la famille Wright elle-même : « Cette maison est un fragment d’histoire … elle représente cette Arizona que Franck aimait tant … il faut qu’elle soit sauvée », a vivement réagi Anne Wright, l’une des arrières-petites-filles de l’architecte. Meridian Corporation avait alors accepté de consentir d’attendre deux mois de plus pour lui trouver de nouveaux acheteurs.

Le cabinet immobilier fait feu de tout bois pour contrer les attaques des plus récalcitrants, avec entre autres arguments celui de « l’inoccupation quatre années durant » et l’idée que « la créativité se trouve incorporée dans le design ». Comprenez : le design et les croquis perdureront même en cas de destruction de l’habitat. Une dernière justification jugée irrecevable par les partisans de l’architecte au regard du caractère exclusif et non rééditable de ses œuvres.

Enfin, pour quelques autres, cette menace de démolition ne viserait qu’à masquer l’intention réelle du cabinet, augmenter le prix de vente de la demeure. Acquise pour un montant de 1,8 million de dollars, Meridian Corporation a déclaré vouloir la revendre pour un montant de 2,2 millions de dollars. Le cabinet aurait rejeté une offre anonyme de 2 millions de dollars il y a quelques semaines.

Le conseil municipal de la ville de Phœnix devra trancher le 7 novembre 2012 entre deux possibilités : détruire l’édifice ou trouver une solution à long terme pour en garantir sa protection.

En presque 40 ans, aucun des bâtiments de l’architecte n’a eu à subir le « scénario du pire » qui pèse sur la David and Gladys House. Et ce, en partie grâce au rôle clé joué par la « Franck Lloyd Wright Conservancy ». Jusqu’à ce jour tout du moins…

Pétition

La pétition en ligne pour sauver la David and Gladys House de Franck Lloyd Wright

Légende photo

Portrait de Frank Lloyd Wright - 1954 - Photo Al Ravenna

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