Le Metropolitan évoque la relation trouble de Gertrude Stein à l'égard du régime de Vichy

Ouverte depuis la fin février au Metropolitan Museum, l'exposition sur la collection Stein (que les Parisiens avaient pu voir à l’automne 2011) s'apprête à ouvrir un débat délicat. Une ligne rajoutée sur un cartel, lourde de sens, va rappeler la relation trouble que Gertrude Stein a entretenu avec Bernard Faÿ durant la seconde guerre mondiale. Le New York Times s'est fait l'écho de cette décision, annoncée mardi 1er mai par le Metropolitan.

Pourtant juive, Gertrude Stein avait noué des relations d'amitié avec Bernard Faÿ, un collaborateur proche du Maréchal Pétain. Gertrude Stein a également traduit une trentaine de discours du maréchal Pétain pour le public américain. En échange, Faÿ serait directement intervenu auprès de Pétain pour obtenir sa protection, ainsi que celle de sa compagne de l'époque, Alice B. Toklas. Les deux femmes étaient restées en France durant le début du conflit. C'est également l'amitié de Faÿ qui aurait permis à Gertrude Stein de conserver sa collection, et d'échapper ainsi à la spoliation d'œuvres d'art orchestrée par les nazis.

Peu ébruitée en France, cette affaire a été révélée par un livre du professeur Barbara Will : « Unlikely Collaboration : Gertrude Stein, Bernard Fäy and the Vichy Dilemma » publiée par Colombia University Press l'année dernière. Après avoir subi des pressions pour que l'exposition s'en fasse l'écho, le Metropolitan a finalement décidé de faire mention de la sympathie apparente de Gertrude Stein à l’égard du régime de Vichy ; l'exposition se focalisant sur l'histoire de la collection Stein, le musée a jugé qu'il était légitime d'en faire part.