MONT-DAUPHIN
Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des fortifications de Vauban, la cité fortifiée de Mont-Dauphin est reconnue comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’architecte militaire. La démesure de ses installations, et notamment celles de la caserne Rochambeau avec sa remarquable charpente, ne la prédestinait-elle pas à accueillir un autre chef-d’œuvre hors norme, La bataille de Little Bighorn, cet ensemble sculpté de vingt-quatre personnages et onze chevaux où culmine le style personnel si reconnaissable d’Ousmane Sow ? Certainement pas, si l’on en reste aux dates, mais le hasard d’une rencontre, celle des proches d’Ousmane Sow, en quête d’un espace suffisamment vaste pour accueillir l’œuvre, avec le Centre des monuments nationaux, a permis de concrétiser cette opération inattendue et d’établir, par-delà les siècles, un dialogue entre un architecte militaire français du XVIIe siècle, un sculpteur sénégalais du XXe siècle et les protagonistes d’une sanglante bataille qui s’est déroulée en Amérique du Nord au XIXe siècle. C’est bien le propre du patrimoine de permettre, parfois de provoquer, de telles rencontres qui défient la logique du temps et de l’espace pour donner de nouveaux horizons à l’architecture et à l’Histoire.
Déjà largement ouverte au public par l’action du Centre des monuments nationaux, la citadelle alpine va devenir un point de passage obligé pour tous les admirateurs d’Ousmane Sow, artiste au parcours profondément original, dont l’inspiration exprime à partir d’éléments extraits de la terre la force tellurique du sacrifice des peuples martyrs. À Mont-Dauphin, loin des sentiers battus de l’art contemporain, le sculpteur fait entendre son inextinguible appel au respect universel de la dignité humaine et de la diversité culturelle. Cet appel, amplifié par la robuste architecture de Vauban et relayé par tous ceux qui ont soutenu et accompagné le projet, doit parvenir aux oreilles et aux cœurs du plus grand nombre.