SPIJKENISSE (PAYS-BAS) [17.09.13] - Alors que les pièces de monnaie en euros comportent une face nationale, les billets en euros représentent des ponts fictifs. La fiction devient désormais réalité : une ville de la banlieue de Rotterdam a décidé de les construire.
La mise en place de la monnaie unique ne s’est pas faite sans accroc. Frapper la monnaie est un des pouvoirs régaliens de l’Etat, aux côtés entre autre de la politique étrangère, de la justice ou bien encore du pouvoir de lever l’impôt. Pour adoucir la perte des monnaies nationales lors du passage à la monnaie unique, les pays de la zone euro ont pu inscrire les symboles nationaux de leur choix sur le côté face des pièces de monnaie.
Les billets en euros par contre sont similaires dans chaque pays. En raison des ego nationaux, il ne fut pas possible de s’accorder sur des symboles européens. En lieu et place, une série de ponts fictifs rassemblant divers modèles de styles architecturaux ornent les rectos des billets en euros. Ils avaient été conçus à l’époque par le designer de billets de banque autrichien Robert Kalina. Celui-ci s’était inspiré de monuments existants, mais avait été prié de revoir sa copie, certains ponts n’étant pas assez fictifs : le pont du billet de 500 euros ressemblait trop au pont de Normandie, celui de 100 euros à l’ancien pont de Neuilly.
La fiction rejoint désormais la réalité, car la petite ville de Spijkenisse, située dans la banlieue de Rotterdam, a décidé de construire ces ponts fictifs. Forte de 72 000 habitants et d’une surface de 30 km², dont 4 km² de canaux, la ville a construit six nouveaux ponts, de style roman (10 euros), renaissance (50 euros), baroque et rococo (100 euros), industriel (200 euros), moderne (500 euros), et enfin un à double face représentant respectivement les styles classique (billets de 5 euros) et gothique (20 euros). Les ponts sont de la même couleur que celles des billets.
C’est un jeune artiste et designer graphique néerlandais, Robin Stam, qui en a eu l’idée. A l’occasion d’une sortie au restaurant, il s’est demandé, comme bon nombre de citoyens européens et de touristes étrangers, où pouvaient bien se trouver les ponts qui ornent les billets en euros. « J’ai fait des recherches sur les design des billets en euros et je me suis aperçu que les ponts étaient fictifs. Je me suis dit : ne serait-ce pas amusant si ceux-ci existaient tout d’un coup ? », déclare Robin Stam. Il soumet alors à la mairie l’idée de réaliser ces ponts en suivant le modèle des billets. « C’était une plaisanterie au départ, mais ils ont vraiment aimé mon idée », ajoute-t-il. Le hasard faisant parfois bien les choses, la mairie réalisait un projet de construction d’une cité, et disposait d’un budget pour construire six nouveaux ponts afin de relier la cité à la ville. Les billets en euros étant soumis à copyright, Robin Stam demande l’accord de la Banque centrale européenne, qui le renvoie à la Banque des Pays-Bas. Celle-ci donne son feu vert, à condition qu’il parvienne à trouver un financement propre, chose faite grâce au budget ad hoc de Spijkenisse pour la construction des nouveaux ponts.
La ville espère obtenir des retombées touristiques grâce à ce projet, espérant que le « Het Land », région dans laquelle se trouve Spijkenisse, soit rapidement rebaptisée « Het Euroland ». Le dernier pont sera inauguré le 26 septembre prochain.
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Quand les ponts fictifs des billets en euro deviennent réalité
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Abonnez-vous dès 1 €Le pont du billet de 50 € construit à Spijkenisse - photo Robin Stam
Le billet de 50 € devant son pont à Spijkenisse - photo D.R.