Au calendrier sanitaire fixé par le gouvernement, s’ajoutent les contraintes propres à chaque établissement relativement à sa localisation, sa configuration ou la disponibilité du personnel.
France. Sur le papier, les choses sont simples. Les « petits musées » peuvent rouvrir le 11 mai, quel que soit la circulation du virus dans le département, tandis que la décision de réouverture des « grands musées » est reportée à la fin mai. Dans la pratique, c’est plus compliqué. Par exemple, qu’est-ce qu’un « grand musée » ? Dans son discours du 28 avril, le Premier ministre a indiqué que ce sont ceux qui « attirent un grand nombre de visiteurs hors de leur bassin de vie ». On pense tout de suite aux grands opérateurs d’Île-de-France type le Louvre, mais quid des poids lourds en régions comme le Musée d’arts de Nantes ou le Musée de Grenoble ?
Le problème n’est pas pour autant réglé pour les petits musées, qui sont tous des cas particuliers. S’ils peuvent de nouveau accueillir leurs agents, ce n’est pas forcément le cas pour le public. Bien souvent, la taille de l’établissement est déterminante. La Fondation Giacometti à Paris a mis un point d’honneur à être parmi les premiers (le 15 mai) à rouvrir ses portes aux visiteurs. « Nos locaux intimes sont adaptés et l’accès se fera sur réservation », explique sa directrice, Catherine Grenier, qui cependant ne remettra pas de fascicule de visite au public, un objet susceptible de transmettre le virus. Au Cateau-Cambrésis (Nord), le Musée Matisse attend l’autorisation de sa tutelle départementale pour ouvrir le 18 mai. « Nous avons calculé qu’à l’instant T, nous pouvons accueillir 250 personnes qui disposent chacune de 5 m², soit plus que les 4 mètres carrés du réglement sanitaire scolaire », précise le directeur, Patrice Deparpe.
« On ne peut pas rouvrir du jour au lendemain », affirme cependant Laurent Le Bon au Musée Picasso de Paris, établissement qui devra attendre la fin mai pour connaître son sort. Il faut en effet remettre la machine en route, organiser un circuit de visite tenant compte des distances de sécurité, doter le personnel et les visiteurs qui en seraient démunis de masques, protéger les équipes à la billetterie… Aussi, à Antibes (Alpes-Maritimes), dans l’autre Musée Picasso, Jean-Louis Andral, son directeur, « vise une ouverture en juin ». Même objectif pour Philippe Costamagna, à la tête du Musée Fesch d’Ajaccio, et le maire de la ville, et ce malgré les déclarations de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, qui, considérant dans le quotidien Corse Matin que le musée ajaccien est un « grand musée », a surinterprété les consignes du gouvernement en reportant l’ouverture en septembre.
La remise en marche va prendre beaucoup plus de temps au Musée des beaux-arts de Lyon avec ses 120 agents. Sa directrice, Sylvie Ramond, rappelle les situations auxquelles chacun est confronté : l’école gardera-t-elle les enfants ? les agents voudront-ils prendre les transports en commun ? « La Ville nous fait confiance pour organiser une réouverture en juillet », précise-t-elle.
Ouvrir, oui, mais pour quel public ? C’est l’autre enjeu de la situation avec la contrainte des déplacements restreints à moins de 100 km. Pas de problème de ce type pour Catherine Grenier, qui va en outre ouvrir gratuitement pendant trois jours les portes de la Fondation Giacometti aux habitants du quartier. Pas de problème non plus pour Patrice Deparpe, qui pointe l’important bassin de population du département pour qui le musée est « un porte-drapeau ». En revanche, l’incertitude règne sur le retour des touristes à Antibes et plus encore à Ajaccio, une destination qui dépend des liaisons aériennes et des bateaux de croisière.
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Une réouverture des musées par étapes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°545 du 8 mai 2020, avec le titre suivant : Une réouverture des musées par étapes