À partir du 21 décembre, le public va retrouver ou découvrir près de 10 000 œuvres dans les nouvelles salles des Antiquités égyptiennes, grecques et romaines, ainsi que dans la Grande galerie des peintures italiennes du Louvre. La très populaire section égyptienne, fermée depuis plus de trois ans, devrait déplacer les foules.
PARIS - Riche de 55 000 objets d’art et pièces archéologiques, le département égyptien avait les moyens de satisfaire les attentes d’un public varié : amateurs et chercheurs, touristes venus admirer les grands chefs-d’œuvre, groupes scolaires à la découverte de la civilisation pharaonique… Aussi, pour ce réaménagement complet, les conservateurs ont-ils décidé de proposer deux parcours : l’un thématique, l’autre chronologique. Le premier, au rez-de-chaussée, dresse le tableau des connaissances actuelles sur les modes de vie, les croyances et la culture de l’Égypte antique. Ces salles renouent avec les origines du département d’égyptologie tel que Champollion l’avait conçu en 1827 – organisé en trois parties : funéraire, civile et religieuse.
Le visiteur retrouve dès l’entrée le Sphinx de Tanis, le Mastaba d’Akhethétep dans la section sur l’agriculture, la Chambre des ancêtres et le Zodiaque de Dendera dans l’évocation des temples et des dieux. Des pièces jamais exposées viennent s’ajouter à ces chefs-d’œuvre : reliefs peints d’Élephantine et d’Abydos, momie de crocodile, sarcophages en terre cuite, ou encore un spectaculaire rouleau du Livre des morts déployé sur 24 mètres. Les aménagements monumentaux des années trente, comme les cryptes de Tanis et d’Osiris, ont été conservés pour rythmer la visite, qui se poursuit au premier étage, sans interruption ni retour en arrière. La deuxième partie du circuit couvre 4 000 ans d’art égyptien. L’Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.) est notamment représenté par le Scribe accroupi et la Tête de Didoufri ; le Moyen Empire (1033-1650 av. J.-C.) par les portraits de Sesostris III et la statue en bois du Chancelier Nakhti. Sous le Nouvel Empire, la Tête colossale d’Aménophis IV et le torse aux drapés mouillés de Néfertiti illustrent les nouveaux canons esthétiques de la période amarnienne (1353-1337 av. J.-C.), tandis que le relief peint de Séthi Ier et la déesse Hathor évoque l’art des Ramessides (1295-1069 av. J.-C.). Enfin, le bronze de Karomama, prêtresse d’Amon, constitue l’un des sommets de la troisième période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.).
Rançon de ce redéploiement des collections pharaoniques, l’Égypte romaine et l’art copte se trouvent séparés du parcours égyptien général. Ces sections occupent désormais le rez-de-chaussée de la cour Visconti, près des Antiquités grecques, étrusques, romaines et orientales de même époque. Elles disposent également de plus d’espace. L’église de Baouit a ainsi pu être magnifiquement reconstituée.
Une galerie pour la Grèce pré-classique
Moins spectaculaires, les travaux effectués dans les départements de la Grèce et de la Rome antiques et dans la Grande galerie des peintures italiennes n’en ont pas moins donné lieu à des innovations importantes. Pour la première fois, une section offre un véritable panorama artistique de la Grèce pré-classique, depuis les idoles cycladiques jusqu’à la statuaire de style archaïque et sévère. La Dame d’Auxerre, la Coré de Samos et le Torse de Milet sont les œuvres phares de l’exposition. Une galerie parallèle est consacrée aux inscriptions gravées sur pierre. Le reste du circuit antique relève plutôt de la modernisation de sections déjà existantes : métopes du temple de Zeus à Olympie, figurines en terre cuite de l’ancien musée Charles X et céramiques grecques de la galerie Campana. Cette dernière compte désormais des salles d’études équipées pour la recherche Enfin, dans la salle Henri II, le trésor de Boscoreale se trouve associé à d’autres pièces d’orfèvrerie romaine.
Côté peintures italiennes, la principale nouveauté concerne les arts graphiques. D’immenses cartons réalisés par Jules Romain et ses élèves évoquent, pour la première fois, le grand décor à fresque ou en tapisserie. La Grande galerie, enfin terminée, recèle moins de surprises, bien qu’un tiers des œuvres exposées viennent des réserves. Le Maniérisme et l’École bolonaise sont les bénéficiaires majeurs de l’opération. Le panorama chronologique de l’art italien ne s’achèvera cependant qu’avec la réouverture des salles Van Dyck et Rubens. Ces dernières accueilleront, l’année prochaine, les écoles napolitaine, vénitienne, génoise et florentine du XVIIe siècle, ainsi que les tableaux du XVIIIe siècle.
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Une entreprise pharaonique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Une entreprise pharaonique