À quarante-cinq ans, Wang Huangsheng n’est pas seulement l’un des plus jeunes directeurs de musée de Chine, il est probablement aussi le seul qui souhaite présenter de l’art moderne et contemporain. À la tête du Musée des beaux-arts de Guangzhou (Canton),
il s’est entretenu avec nous de son expérience et de son projet d’une « Documenta cantonaise ».
Comment avez-vous pris la direction du Musée des beaux-arts de Guangzhou ?
J’ai étudié l’histoire de l’art à Nanjing, et je suis venu ensuite à Canton où j’ai travaillé pour une galerie, puis pour un magazine. Le gouvernement m’a proposé ce travail, que j’ai d’abord refusé, avant de comprendre qu’il s’agissait d’une véritable opportunité. J’ai commencé à travailler pour le musée en 1996, et il a ouvert une année plus tard.
Quels sont vos objectifs à la tête de cette institution ?
D’abord présenter les jeunes artistes chinois à un public plus large, puis, rendre compte de l’essence même de ce qui se passe aujourd’hui dans l’art chinois. J’ai récemment effectué un séjour au Musée d’art moderne de New York (MoMA) et cela m’a incité à atteindre un niveau international. Le musée est généraliste, il englobe toutes les périodes historiques, mais notre mission est aussi de faire des expositions d’artistes chinois d’avant-garde.
N’est-ce pas politiquement risqué aujourd’hui de montrer ce type d’œuvres ?
Faire de l’art contemporain dans un musée chinois n’est pas aussi périlleux qu’on le prétend. Tant que le sujet est convenable et qu’on choisit une approche fortement académique, cela ne pose pas de problème important. Notre dernière exposition, “Futur Virtuel”, organisée par le commissaire indépendant Gu Zhenqing, a ainsi obtenu un accueil favorable de gens plus âgés et même de hauts fonctionnaires. Lentement mais sûrement, les gens s’ouvrent à l’art d’avant-garde.
Vous nous avez parlé de votre séjour au MoMA. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
J’ai été très impressionné par la clarté des concepts de conservation du musée new-yorkais et aussi de voir comment les artistes américains s’intéressent énormément à la réalité – non à quelque chose de lointain, mais à ce qui se passe dans la société. Mais j’ai surtout appris des choses pratiques sur la gestion d’un musée d’envergure internationale.
Quels sont vos projets immédiats ?
Je prépare pour septembre une présentation d’œuvres contemporaines à l’encre, qui comprendra quelques artistes véritablement expérimentaux comme Gu Wenda. Puis, en septembre 2002, nous organisons une importante rétrospective d’art chinois des années 1990. En 1989, l’exposition “L’avant-garde de Chine” avait, en quelque sorte, défini les années 1980. J’ai donc pensé qu’aujourd’hui, il serait bon d’arriver à une conclusion sur la décennie qui vient de s’écouler. Nous avons beaucoup parlé de cette exposition pendant que j’étais aux États-Unis. Elle sera divisée en trois parties : “Mémoire et réalité”, “L’humain et la nature”, “Le régional et le mondial”, et débutera par quelques questions générales sur l’évolution de la culture chinoise dans les années 1990. En même temps seront organisés un symposium et une rétrospective du cinéma chinois récent. Je veux que ce soit le début d’une série d’importantes expositions ayant lieu tous les trois ou quatre ans. Il y a bien une Biennale de Shanghai. Alors pourquoi pas une Documenta de Canton ?
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Une Documenta pour la Chine ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°126 du 27 avril 2001, avec le titre suivant : Une Documenta pour la Chine ?