MARSEILLE
Le petit-fils de Marcel Pagnol et son association sont évincés par la mairie de Marseille du Château de la Buzine.
Changement de main pour le célèbre Château de la Buzine, situé à Marseille et propriété de Marcel Pagnol (1895-1974) jusque dans les années soixante-dix. Après un appel d’offres et un passage devant une commission de sélection, l’Association du Château de la Buzine, présidée depuis 2017 par Nicolas Pagnol, petit-fils de l’écrivain Marcel Pagnol, a été remerciée. Le nouveau délégataire de service public est le Centre de culture ouvrière (CCO), une association spécialisée dans la gestion de centres sociaux, associé à La Prod du Sud, un fournisseur d’équipements audiovisuels.
Alors que cette décision doit encore être soumise à un vote lors du prochain Conseil municipal, le 30 juin, la droite locale s’est insurgée contre cette décision, accusant le maire de Marseille, Benoît Payan (PS), et sa majorité de vouloir « effacer un pan entier de la culture provençale », et déplore un « choix idéologique et dogmatique ». La sénatrice Valérie Boyer (LR) va même jusqu’à affirmer qu’en « voulant confier la délégation de service public […] aux communistes, Benoît Payan relance les purges communistes ».
Pour éviter toute récupération politique, Nicolas Pagnol a annulé une manifestation qui devait se tenir le 23 juin et tempère certaines allégations de la droite. « Le château ne sera pas transformé en centre d’accueil ni en centre social. Mais en centre d’éducation pour le cinéma », a-t-il expliqué.
Cette décision reste cependant incompréhensible aux yeux de Nicolas Pagnol, qui revendique un bilan très favorable. La fréquentation a été multipliée par huit au cours des cinq dernières années, atteignant 80 000 visiteurs annuels. La programmation culturelle éclectique et pluridisciplinaire (expositions, cinéma, théâtre, concerts) « a conquis un large public », « les résultats financiers sont bénéficiaires » et plus de 13 000 enfants (écoles, centres sociaux, individuels) ont été accueillis chaque année.
Contestant la décision de la mairie, Nicolas Pagnol a lancé une pétition « pour que la Ville de Marseille rende Marcel Pagnol au château de ma mère ».
De son côté, Jean-Marc Coppola (Front de Gauche), l’adjoint au maire en charge de la Culture, déments « toute volonté de la mairie de changer l’objet du Château de la Buzine, héritage de Marcel Pagnol » et rappelle que les élus, y compris ceux de droite – excepté les élus de Reconquête, ont voté « à l’unanimité » les critères d’attribution de la délégation de service public. Selon l’élu, le CCO « satisfait les critères définis dans le cahier des charges », à savoir assurer la programmation d’une salle de cinéma labellisée « Patrimoine et Répertoire, Arts et Essai et Jeunes publics », ainsi que des programmes éducatifs artistiques et culturels, scolaires comme extra-scolaires.
Le Château de la Buzine, connu sous le nom de « Château de ma mère », en raison du roman de Marcel Pagnol publié en 1957, a été construit en 1867. L’écrivain l’a acheté en 1941 et a dû faire face à des réquisitions de la part des Allemands alors qu’il refusait de collaborer avec l’occupant ; puis par l’armée française. Marcel Pagnol l’a récupéré en ruine dans les années cinquante, mais son projet initial de créer une Cité du cinéma n’a pas pu se concrétiser. Il a vendu le château en 1973 à un promoteur qui y a construit 249 villas. En 1995, la ville de Marseille a acheté le château et l’a restauré pour en faire une « Maison des cinématographies de la Méditerranée ». L’édifice est inscrit au titre des Monuments historique depuis le 13 janvier 1997.
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Un Pagnol écarté de la direction du Château de ma mère
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