Après la première tranche de travaux inaugurée en 1992, le Musée des beaux-arts de Rouen a ouvert au public la totalité de ses espaces d’exposition depuis le mois de juin. Mêlant harmonieusement peintures, sculptures et arts décoratifs, les nouvelles salles se font séduisantes et colorées.
ROUEN - C’est sous l’œil vigilant de François Bergot, conservateur du musée, que s’est déroulée cette rénovation, menée par l’architecte Bernard Torchinsky. Les volumes et les enfilades, aujourd’hui restitués, se sont parés d’une sobre et classique élégance, marque d’Andrée Putman. Construit vers 1880, le bâtiment s’organise autour de l’escalier d’honneur – décoré par Puvis de Chavannes – flanqué de deux cours intérieures, aujourd’hui couvertes, l’une devenue un jardin des sculptures et l’autre réservée aux expositions temporaires.
Faisant suite au parcours de l’aile sud, consacrée à l’art du XVe au XVIIe siècles - déjà accessible depuis deux ans – les nouveaux espaces nord achèvent ce circuit jusqu’au XXe siècle. La lumière naturelle – zénithale ou latérale – tamisée par des filtres ou de grands stores, est renforcée par un système d’éclairage artificiel efficace. Les œuvres, toujours très lisibles, sont placées avec intelligence. L’accrochage des tableaux, la présentation du mobilier et des objets d’art, en accord avec la tonalité des murs, suggèrent l’atmosphère de leur temps.
On notera ainsi une charmante salle Hubert Robert d’un vert tendre, ou des salles néo-classiques vert Empire. Remarquables encore, la création d’un décor pour une crèche napolitaine, la belle pièce consacrée à Géricault, la spectaculaire salle du Jubé - qui regroupe quelques morceaux célèbres tels La Justice de Trajan de Delacroix, le Bonchamps de David d’Angers ou Les énervés de Jumièges de Luminais. La galerie des Impressionnistes arbore ses plus beaux fleurons dans une ambiance très lumineuse et douce, un peu pâle peut-être.
Néanmoins la quantité et la qualité des pièces du XIXe siècle écrasent quelque peu le fonds plus pauvre du XXe siècle. Enfin, saluons la création – originale en France – d’une "galerie d’étude", sorte de réserve visitable qui permet au public d’apprécier une bonne centaine d’œuvres ordinairement cachées, parfois fort intéressantes.
Aujourd’hui à la hauteur des richesses qu’il abrite, le Musée des beaux-arts de Rouen peut se targuer d’être un des plus attrayants musées de province français.
Musée des beaux-arts de Rouen, square Verdrel, 76000 Rouen ; prix d’entrée : 20 F. (11 F. jusqu’au 31 octobre 1994). Guide des collections XVIIIe, XIXe et XXe siècles par F. Bergot,M. Pessiot, G. Grandjean et A. Pougetoux, coédition Musée des beaux-arts de Rouen / Réunion des Musées Nationaux, 255 p.,100 F.
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Un musée à la hauteur de ses richesses
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Un musée à la hauteur de ses richesses