Le Musée de l’air et de l’espace a entrepris la rénovation de l’aérogare du Bourget, petit bijou Art déco.
LE BOURGET - Depuis le printemps 2012 règne une effervescence particulière dans l’aérogare du Bourget (Seine-Saint-Denis) : ouvriers et ingénieurs s’appliquent à restaurer sa partie centrale, la salle des Huit-Colonnes et sa coupole de verre, en lui rendant son lustre Art déco terni depuis longtemps. L’aérogare du Bourget est, pour les passionnés d’aéronautique, le symbole de l’excellence française en matière d’aviation. Ouvert en 1919, il voit arriver en 1927, au terme de sa fameuse traversée transatlantique à bord du Spirit of Saint Louis, l’aviateur Charles Lindbergh, accueilli par près de 200 000 personnes. En 1933, c’est là que s’installe la compagnie Air France nouvellement créée. L’aérogare, qui abrite depuis 1975 le Musée de l’air et de l’espace, est construite sur les plans de l’architecte Georges Labro pour l’Exposition internationale de 1937. Elle allie modernité, esthétique et fonctionnalité pour faire face à l’accélération d’un trafic international toujours plus dense.
Difficile d’imaginer l’importance du flux de passagers dans ce bâtiment de près de 233 mètres de long sur 30 mètres de large, conçu à l’époque à l’image d’un grand paquebot, et aujourd’hui calfeutré derrière des vélums qui oblitèrent la transparence originelle de ses verrières alourdies par des huisseries modernes.
Le 27 septembre 2011, Gérard Longuet, alors à la tête du ministère de la Défense dont dépend le musée, débloque une enveloppe inespérée en faveur de la rénovation du lieu : 21,5 millions d’euros pour les façades, la coupole de verre et les espaces intérieurs du musée. L’ouverture de la salle des Huit-Colonnes devrait marquer, lors du prochain Salon du Bourget, la fin de la première phase des travaux, pour un budget estimé à 3,5 millions d’euros. D’après Olivier Housset, responsable des travaux au musée, c’est un chantier d’une technicité complexe : « Il a fallu reprendre le béton, l’étanchéité du bâtiment, faire face à la présence d’amiante dans la structure, et renouer avec des techniques dont le savoir-faire se fait rare. » Sans compter la pollution due au kérosène, puisque le Bourget continue d’accueillir une grande part du trafic aérien d’affaires : « On étudie la possibilité d’un film protecteur sur les pavés de verre en extérieur, et un traitement dans la masse pour les verrières latérales », poursuit Olivier Housset. Pour l’instant, les trois appels d’offres successifs sur la lustrerie n’ont rien donné, des problèmes de droit d’auteur et des difficultés de production freinant les accords. Il reste également à définir la couleur des murs, dans un vert très clair proche de l’original, et à recouvrir le sol d’un damier noir et blanc. Mais l’espace sous coupole a déjà retrouvé une luminosité et une envergure exceptionnelles.
Vue sur les pistes
Les façades du bâtiment, inscrites sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1994, sont l’objet de toutes les attentions : d’ici le printemps, la salle des Huit-Colonnes reprendra sa fonction originelle de zone d’accueil des visiteurs, avec la possibilité de privatiser cet espace d’une surface de 1 200 m2 sur 14 mètres de hauteur. Les lourdes tentures des galeries adjacentes, où sont présentées les collections permanentes, seront déposées pour faire place à un système anti-UV moins inesthétique. Il reste cependant fort à faire pour restaurer l’aérogare. La deuxième phase des travaux, prévue entre 2013 et 2015, concerne les terrasses et les façades. Il faut également harmoniser la circulation entre le bâtiment historique et les différents espaces et hangars construits pour agrandir le musée depuis les années 1970. Des défis qui attendent la directrice du musée, Catherine Maunoury, deuxième civile et première femme directrice du musée.
Pour la réhabilitation de l’ensemble des halls situés en partie sud, le musée peut compter sur le mécénat du Gifas, Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, ainsi que des groupes EADS, Safran, Thales et Dassault, qui ont signé un accord de mécénat à hauteur de 5 millions d’euros. Avec l’idée de permettre à nouveau l’accès au public à la vue sur les pistes, après restauration de la tour de contrôle de 1953. Mais il faudra alors trouver de la place pour un ascenseur afin de répondre aux normes de circulation et de sécurité, un casse-tête qui pourrait avoir raison de son ouverture aux visiteurs.
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Un Musée de l’air et de la lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : Un Musée de l’air et de la lumière