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Le Musée de l’air et de l’espace se prépare à l’arrivée du métro

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 21 septembre 2023 - 873 mots

LE BOURGET

Pour bien accueillir les visiteurs déposés par la future ligne 17, le Musée du Bourget agrandit ses espaces d’exposition. Plusieurs grands chantiers sont d’ores et déjà lancés.

Tour de contrôle, Boeing 747 et maquettes des fusées Ariane 1 et Ariane 5 sur le tarmac du Musée de l'air et de l'espace. © Vincent Pandellé / Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget
Tour de contrôle, Boeing 747 et maquettes des fusées Ariane 1 et Ariane 5 sur le tarmac du Musée de l'air et de l'espace du Bourget.
© Vincent Pandellé / Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget

Le Bourget. Annoncée pour 2024, la ligne 17 du métro parisien – l’une des quatre nouvelles lignes du « Grand Paris express » – ne devrait être mise en service qu’en 2025, voire 2026. Ses futurs bénéficiaires, qui emprunteront le parcours reliant le nouveau quartier d’affaires de Saint-Denis Pleyel à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, doivent prendre leur mal en patience. Tout comme Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, directrice du Musée de l’air et de l’espace du Bourget, dont l’entrée fera bientôt face à la quatrième gare de la ligne. « Ce retard, ce n’est pas plus mal. Ça nous laisse le temps de nous réorganiser », estime la conservatrice. D’un musée peu accessible en transports en commun, et encore mal identifié par le public, le Musée du Bourget veut devenir une destination incontournable grâce à la desserte du « Grand Paris express ».

« Musée de destination », c’est d’ailleurs ainsi que le Projet scientifique et culturel de l’établissement définit ses objectifs. « Vous pouvez parler d’un parc d’attractions, ça ne me dérange pas du tout », renchérit la directrice des lieux. Les dimensions XXL du musée et son éloignement du centre de gravité culturel parisien poussent l’établissement à se penser ainsi, à l’instar de la Cité de l’espace toulousaine. C’est une sortie que l’on programme et qui nécessite toute une journée pour découvrir l’ensemble du parcours.

Des projets d’aménagement « titanesques »

Pour remplir cet objectif et moderniser le musée, de grands projets sont engagés. Inaugurée la veille de la crise sanitaire, la grande halle a ouvert la voie : une scénographie aérée et structurée par les premiers aéronefs, une mise en valeur de la première aérogare parisienne et de son atmosphère Art déco, cette première étape a remporté un succès auprès du public, comme le rapportent les équipes du musée. En retirant les aménagements des années 1980, qui masquaient l’architecture élaborée par Georges Labro (Grand Prix de Rome 1921), le Musée de l’air et de l’espace retrouve une identité architecturale et s’offre un bel espace pour mieux exploiter ses ressources : lieu d’accueil du public, mais aussi de réception ou de tournage, l’ambiance unique du hall d’aérogare des années 1930 était d’ailleurs cet été le lieu de tournage du biopic consacré à Charles Aznavour.

Ce sont aussi de grands chantiers – dont les noms rappellent ceux des opérations de l’armée de l’air – qui doivent préparer l’établissement à ce changement de dimension : « Astreros » et « Navaca ». Le premier vient combler une lacune dans le parcours, constitué de halls ajoutés successivement sur le tarmac de l’ancien aéroport : il manque l’aviation civile « commerciale, légère et spatiale, post 1948 », un intitulé précis couvrant un vaste champ, de l’essor des premières lignes commerciales à celui du tourisme spatial. Un grand hall sera consacré à ce sujet : 4 000 mètres carrés. À cet immense espace, il faut adjoindre un Airbus A380 d’essai donné au musée en 2017.

La mise en visite de ce géant des airs, ainsi que la construction d’un planétarium et de nouvelles salles d’exposition temporaire complète ce projet « titanesque », qui prend son nom du Titan Astreros, père des quatre vents dans la mythologie grecque. Un concours d’architecture sera lancé à la fin de l’année et une canopée complétera l’équipement en surplombant les halls qui forment le parcours du musée lui donnant une cohérence chronologique, tout en protégeant les avions de chasse exposés sur le tarmac. Prévu pour 2025, le projet « Navaca » est plus modeste. Mené avec la direction générale de l’Aviation civile (DGAC), il transformera la tour de contrôle de l’ancienne aérogare en un parcours consacré à la navigation aérienne.

Collections mieux gérées et nouvelles réserves

Avant de lancer ces grands travaux, la directrice du musée a mis en ordre les collections. Arrivée en 2018, elle crée une dizaine de postes de conservateurs et donne des périmètres aux collections : « La notion d’économie de place est bien plus difficile à défendre lorsque les collections sont mal gérées », explique-t-elle. Aujourd’hui, ce travail se traduit par une meilleure présentation des collections dans le hall de l’aérogare, avec une grande place accordée aux œuvres d’art et objets décoratifs témoignant du fait aérien, mais aussi par de nouvelles réserves inaugurées sur le site de Dugny, de l’autre côté du tarmac. Un lieu de stockage de 13 hectares adapté aux dimensions du musée. Pas assez toutefois pour conserver les doublons, triplons et quadruplons de certaines pièces volumineuses : la meilleure connaissance de ces collections autorise désormais le musée à lancer une procédure de déclassement pour libérer de l’espace, que le ministère accompagne avec bienveillance, assure la directrice.

Grâce à ces grands projets d’aménagement et une ligne de métro flambant neuve drainant touristes internationaux et public familial, Anne-Catherine Robert-Hauglustaine vise 500 000 visiteurs par an : « un objectif tranquille », commente-t-elle, alors que le musée a accueilli quelque 130 000 visiteurs durant les trois jours du Salon de l’aéronautique du Bourget. Anne-Catherine Robert-Hauglustaine n’en oublie pas moins un défi à relever : celui d’attirer les habitants de la Seine-Saint-Denis au musée. Dans l’étude des publics menée par le musée, les visiteurs séquano-dionysiens ne représentaient que 7 % de la fréquentation, derrière ceux de Paris et les Hauts-de-Seine.

Musée de l’air et de l’espace,
Aéroport de Paris-Le Bourget, 93352 Le Bourget.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Le Musée de l’air et de l’espace se prépare à l’arrivée du métro

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