Monument

Un Grand Palais plus cohérent et lisible

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 15 février 2018 - 698 mots

PARIS

Les travaux de réaménagement ont été présentés officiellement. Le site doit fermer durant plus de deux ans à partir de décembre 2020.

Il y avait du beau monde lundi 12 février au Grand Palais pour assister à la présentation des travaux à venir du Grand Palais par la ministre de la Culture en personne, Françoise Nyssen ; même l’ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres était présent. C’est sous son mandat que la grande nef avait été rouverte en 2005 après douze ans de fermeture et des premiers travaux effectués sur la grande verrière qui perdait ses boulons. Seul manquait à l’appel Jean-Paul Cluzel, l’ancien patron de la Réunion des musées nationaux- Grand Palais, à l’origine en 2011 du premier schéma d’aménagement et de financement.

Les grandes lignes du schéma final avaient été actées par Sylvie Hubac, qui a pris la succession de Jean-Paul Cluzel en 2016 ; Le Journal des Arts les avait publiées en juin 2016 (1). Seule nouveauté aujourd’hui, une modification dans le montage financier et l’arrivée d’un sponsor, la maison de luxe Chanel. Si le coût des travaux – 466 millions d’euros – n’a pas changé, la part de l’État (à travers la subvention du ministère de la Culture et celle du grand plan d’investissement) a diminué de 28 millions d’euros, passant de 316 à 288 millions d’euros. La baisse est couverte par du mécénat pour Universcience (Palais de la découverte) et surtout l’arrivée de Chanel, qui apporte 25 millions d’euros. La maison de luxe, qui réalise ses somptueux défilés de mode sous la nef depuis 2005, va devenir son mécène exclusif. Le journal Le Monde révélait en août 2017 que le bénéfice annuel de Chanel est de l’ordre d’1,3 milliard d’euros ; en contrepartie de ce qui est une paille pour une entreprise non cotée, Chanel va donner son nom à l’entrée monumentale donnant sur l’avenue Wilson, continuer à avoir un accès privilégié pour ses défilés, et sans doute organiser une grande exposition de mode. Le reste du financement est couvert par un emprunt de 150 millions d’euros remboursable en trente ans.

Une « rue des Palais »
La présentation officielle a cependant rendu compte de la volonté de cohérence entre les trois bâtiments qui composent le Grand Palais (agence LAN Architecture). Un établissement commun sera d’ailleurs créé pour mutualiser les fonctions entre les deux entités. Le palais d’Antin, qui abrite le Palais de la découverte, prend toute sa place dans le réaménagement d’ensemble. En témoigne l’ouverture d’un axe public qui traverse du nord au sud le bâtiment intermédiaire, la « rue des Palais », dont l’entrée principale, située sur le square Jean-Perrin, dessert les Galeries nationales et le Palais de la découverte tout en donnant accès à une salle sur l’histoire des lieux, une galerie des enfants ou des auditoriums.

Les Galeries nationales, où sont organisées les grandes expositions, vont être modernisées et agrandies (d’une surface augmentée de 30 %). Mais c’est dans la grande nef du bâtiment Est qui fait face au Petit Palais que se concentrent les enjeux les plus critiques. Une plateforme logistique, qui fait aujourd’hui cruellement défaut, sera installée en sous-sol sous une partie de la nef. Cette plateforme, desservant tous les espaces du « nouveau Grand Palais » doit permettre de réduire les temps d’installation, donc d’organiser plus de manifestations et ainsi d’augmenter les recettes de l’établissement. De même, les galeries privatisables qui entourent la nef seront entièrement accessibles au public, augmentant de 24 % les surfaces locatives. De nouvelles sorties de secours permettront de doubler la jauge. Enfin, la température sera régulée dans la nef. Symbole de l’exploitation commerciale des lieux, des terrasses surplombant le bâtiment seront ouvertes face à la Seine ; les photos disponibles en service de presse laissent deviner qu’un restaurant y sera installé.

Le site doit fermer totalement en décembre 2020 pour une réouverture de la « rue des Palais », de la nef et des Grandes Galeries au printemps 2023, et du Palais de la découverte en juin 2024, juste à temps pour les Jeux olympiques. Le lieu destiné à accueillir temporairement les manifestations pendant la fermeture n’a pas encore été fixé, la place de la Concorde tient pour l’instant la corde.

informations

(1) lire le JdA no 460, 24 juin 2016 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°495 du 16 février 2018, avec le titre suivant : Un Grand Palais plus cohérent et lisible

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