Yvane Eymieu, nouvel adjoint au maire de Marseille, déléguée à la Culture, estime que la politique culturelle de cette ville \"manque encore de lisibilité\". Ayant pour objectif notamment que l’art contemporain ne soit plus \"réservé à quelques initiés\", elle considère aussi comme \"normal\" que \"la municipalité qui finance\" un projet artistique \"ait un droit de regard\".
Quelles vont être vos priorités dans le domaine des arts plastiques ?
Je constate qu’il existe à Marseille une vie culturelle réelle, dense et diverse: l’opéra le plus ancien, les théâtres nombreux, les ballets, les musées, des expériences multiples initiées dans des lieux alternatifs…
Pour ce qui est des arts plastiques, nous avons trouvé une situation qui, si elle était forte dans le domaine des musées, présentait encore des faiblesses dans les domaines associatifs. Nous continuerons à les aider en nous appuyant sur des structures telles que l’Office de la culture de Marseille, les Ateliers d’artistes de la Ville, les subventions accordées sous forme d’aides à la création quand existent des démarches originales, par une politique de soutien aux galeries et aux associations d’artistes. Face à ce foisonnement, il nous faut maintenant consolider l’existant, mettre en synergie les projets de qualité afin de définir une véritable politique culturelle.
La municipalité de gauche a dynamisé, par des mesures simples et peu coûteuses, la vie artistique locale. Cependant, la ville n’a pas de manifestation phare ou d’institutions de référence. Est-ce un manque, selon vous ?
Dire qu’il n’y a eu que des mesures simples et peu coûteuses n’engage que vous ! Quand on additionne les locaux mis à disposition, les subventions accordées, les festivals poudre aux yeux, les grands travaux inachevés… Tout cela n’est ni simple ni peu coûteux.
Quant à dire que Marseille ne possède pas d’institutions de référence, cela me semble étonnant. Là encore, en ne m’en tenant qu’au secteur qui vous touche particulièrement, cette affirmation voudrait faire entendre que nos quatorze musées ne sont justement pas des institutions de référence. Si l’on analyse la presse nationale spécialisée lorsqu’elle évoque notre actualité culturelle, on s’aperçoit que ce sont ces mêmes musées qui sont le plus souvent cités.
J’en veux pour preuve les nombreux articles qui ont présenté les récentes expositions temporaires, "véritable respiration des musées", montées à Marseille. Pour mémoire, la rétrospective Ben, l’exposition consacrée à Pierre Puget, aux peintres de l’Estaque, à Christian Lacroix…
Quant à la création de nouveaux lieux muséaux tels que le Musée des arts africains, océaniens et amérindiens, le Musée de la mode, le Musée des arts contemporains, le Musée de la faïence, cela me paraît correspondre à ce que vous appelez des manifestations phares, encore une fois pour ce qui est du strict domaine des arts plastiques et du secteur muséal.
Mais votre jugement me conforte dans mon opinion : la politique marseillaise manque encore de lisibilité, et pourtant il existe une véritable vie artistique locale. N’est-il pas préférable d’accompagner les artistes et les associations dans leur démarche plutôt que de créer de grands événements médiatiques ?
Que pensez-vous de la décision prise par la municipalité de Carpentras d’annuler l’exposition de Jean-Marc Bustamante ? Un élu doit-il intervenir dans les choix artistiques ?
Il ne m’appartient pas de juger la décision du maire de Carpentras, mais je peux apporter quelques précisions. Il ne s’agissait pas d’annuler l’exposition mais de proposer un autre lieu à l’artiste, la chapelle du Collège récemment restaurée n’étant peut-être pas le lieu idéal pour accueillir un semi-remorque… même si celui-ci est une œuvre d’art.
Concernant l’intervention d’un élu dans un choix artistique, il me semble normal que la municipalité qui finance ait un droit de regard. Mais par souci d’objectivité et de qualité. La Ville de Marseille va mettre en place des comités d’experts, comme nous l’avons fait au Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Un de nos objectifs sera de familiariser un public de plus en plus large à l’art contemporain afin que celui-ci ne soit plus réservé à quelques "initiés".
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Subventionner donne "un droit de regard"
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Subventionner donne "un droit de regard"