Après plus de deux ans de travaux, le Musée du Pays de Sarrebourg a rouvert ses portes au public. L’établissement est installé dans un nouvel édifice qui participe à la réhabilitation d’un quartier de la cité.
SARREBOURG - Après le Musée de l’image à Épinal et le Musée Georges-de-La-Tour (lire les JdA n° 171, 16 mai 2003, et n° 181, 21 novembre 2003), la Lorraine a inauguré en juin dernier une nouvelle institution à Sarrebourg. Créé en 1905, le Musée du Pays de Sarrebourg a élu demeure dans un édifice conçu par l’architecte Bernard Desmoulin – lequel travaille actuellement au réaménagement du Musée des arts décoratifs à Paris. Implanté dans l’îlot de la Paix, le bâtiment participe à la réhabilitation de ce quartier de la cité mosellane. Pour concevoir cette architecture évoquant un entrepôt, Bernard Desmoulin s’est largement inspiré des immeubles avoisinants. « L’esthétique précise et admirable de ces constructions nées du monde du travail a servi de référence, explique l’architecte. Cette référence se retrouve dans la figure volumétrique de l’enveloppe, mais aussi dans sa matière modulaire faite de l’assemblage de feuilles de cuivre ou de verre et de la juxtaposition des planchers du coffrage béton. » D’un coût total de 6,2 millions d’euros, le musée compte quelque 2 500 m2 de surface utile, dont 540 consacrés aux réserves. De vastes espaces, qui permettent au musée de recevoir en dépôt le produit des fouilles de la région. La conservatrice Dominique Heckenbenner dirige d’ailleurs certaines de ces opérations et travaille en étroite collaboration avec des équipes de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, ainsi qu’avec des chercheurs et universitaires. Les spécialistes peuvent étudier le mobilier archéologique exhumé dans le laboratoire installé dans l’édifice. L’établissement est également muni de salles de conférence, de documentation et d’exposition temporaire, dotée d’un éclairage naturel ou artificiel modulable. Lumineuses et aérées grâce à de nombreuses ouvertures et baies vitrées, les salles d’exposition permanente mettent particulièrement en valeur les œuvres.
Présenter le produit de fouilles récentes
Installée au rez-de-chaussée, la section dévolue à l’archéologie commence à la préhistoire pour s’achever au Moyen Âge, avec une large partie consacrée à la période gallo-romaine. Elle s’organise de manière thématique : la vie quotidienne dans les campagnes (avec le domaine de Saint-Ulrich), les habitats du Piémont vosgien (où se trouve le site de la Croix-Guillaume), des stèles de dieux et défunts, la ville de Tarquimpol et ses chapiteaux polychromes… Un soin particulier a été apporté à la scénographie, et chaque pièce a fait l’objet d’un véritable travail sur mesure (concernant le socle, l’éclairage, l’emplacement) avant d’être intégrée de manière opportune au parcours. Des reconstitutions (ou mises en situation) des vestiges rendent l’ensemble vivant et favorisent la relation au passé lointain de la région. Ainsi de la reconstitution d’une sépulture gallo-romaine à incinération (datant des années 40-70) provenant du site de la Croix-Guillaume (Saint-Qurin) ou du temple de la villa gallo-romaine du domaine de Saint-Ulrich, dont certaines peintures murales ont pu être positionnées selon leurs emplacements originels. Le musée conserve également une importante collection de faïences et de porcelaines de Niderviller. Celle-ci est composée d’un ensemble de 130 pièces, datant de 1750 à la première moitié du XIXe siècle, parmi lesquelles L’Enlèvement d’Hélène (1770-1780), l’une des productions les plus audacieuses de la manufacture, ou la Terrine en forme de chou (1760). Une dernière partie est consacrée à Marc Chagall, dont l’immense tapisserie La Paix peut être aperçue depuis l’entrée du musée. En 1976, l’artiste avait réalisé à Sarrebourg son plus grand vitrail, sur le thème de la paix, dans l’ancienne chapelle des Cordeliers (située non loin du musée), vitrail qu’il est toujours possible d’admirer in situ. Aux côtés de la tapisserie sont exposées des œuvres prêtées par le Centre Georges-Pompidou : les toiles Le Cirque bleu et La Danse, ainsi que les dessins préparatoires au vitrail. Le musée mise sur un dépôt à long terme que pourrait lui accorder l’institution parisienne, dans l’espoir d’organiser un circuit culturel à travers la ville, depuis la chapelle des Cordeliers jusqu’au musée.
Rue de la paix, 57400 Sarrebourg, tél. 03 87 08 08 68, tlj sauf mardi et dimanche matin 10h-12h et 14h-18h.
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Sarrebourg offre un palais à son patrimoine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°182 du 5 décembre 2003, avec le titre suivant : Sarrebourg offre un palais à son patrimoine