PARIS [18.03.15] - Un geste hautement symbolique : François Hollande visite mercredi le Département des antiquités orientales du Louvre pour lancer un « cri d'alerte et de solidarité » face au saccage de sites archéologiques et d'antiquités perpétré par le groupe Etat islamique (EI) ou le régime syrien.
Le chef de l'Etat rappellera la condamnation de ces actes par la France dans un esprit de "dialogue des civilisations et non d'opposition", souligne-t-on à l'Elysée.
Attendu à 15H00 au Louvre, François Hollande se fera présenter quatre objets emblématiques: les statues de l'intendant Ebih-II et de Gudea, la monumentale cour de Khorsabad et le Code d'Hammurabi, un ouvrage historique et littéraire, pièce maîtresse de la civilisation mésopotamienne.
Il sera accompagné de la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova, qui a vu dans les destructions commises par l'EI un "nettoyage culturel" et un "crime de guerre". Tous deux prendront la parole à l'issue de cette visite.
"C'est un très beau message que le président de la République se déplace dans un musée pour montrer sa solidarité avec les peuples, mais aussi avec ces cultures, pour montrer que le terrain n'est pas seulement celui de la guerre, mais aussi de la culture et de l'ouverture", a réagi mardi l'ex-ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
Selon l'archéologue Francis Joannes, directeur de recherche du CNRS, "c'est le passé et les racines des peuples d'Irak et de Syrie qu'on essaie d'anéantir" mais ces destructions d'un "patrimoine de l'humanité nous concernent tous".
De la visite du président, il attend que "l'information soit connue et diffusée pour que le grand public sache quelle est la valeur des antiquités mésopotamiennes".
Si l'objectif est d'alerter, il est également de documenter par un inventaire précis des destructions, de former pour éviter que des générations de spécialistes ne disparaissent en Irak et en Syrie, et de lutter contre les trafics d'antiquités pillées.
Idolâtrie
Le président français avait déjà dénoncé fin février la "barbarie" du saccage d'oeuvres pré-islamiques par l'EI après la diffusion d'une vidéo montrant les jihadistes en action dans le musée de Mossoul, la deuxième ville d'Irak. Mais le groupe s'en est également pris à la cité pluri-millénaire de Nimroud et, selon l'ONU, à celle fortifiée de Hatra, fondée il y a plus de 2.000 ans.
L'EI justifie ces destructions en arguant que les statues favorisent l'idolâtrie. Mais selon plusieurs experts, les "idoles" si vivement dénoncées sont vendues au marché noir par l'organisation pour se financer.
En Syrie et sur la base d'images satellitaires, l'ONU comptabilisait déjà fin décembre 300 sites d'une valeur inestimable détruits, endommagés ou pillés en trois ans de guerre, notamment à Alep ou Palmyre.
Ces destructions ont réveillé le souvenir de celles des Bouddhas géants de Bamiyan (Afghanistan) par les talibans en 2001, ou celles des mausolées de Tombouctou par des jihadistes en mars 2012.
L'ONU a adopté début février une résolution visant à freiner le trafic d'antiquités provenant de pillages en Irak et en Syrie. La première priorité est de la mettre en oeuvre avant de songer à de nouvelles mesures, pense-t-on à Paris.
La France s'estime "particulièrement légitime" pour protester contre ces destructions, considérant avoir "apporté une contribution majeure à la redécouverte et à la reconstitution du passé de l'ancienne Mésopotamie".
Le musée du Louvre a été le premier à présenter des antiquités assyriennes, fruit des fouilles conduites en 1843 par le consul de France Paul-Emile Botta sur le site du palais de Sargon II, Khorsabad, en Irak du nord. Et c'est à Paris, au Louvre, que fut inauguré le premier "Musée assyrien" du monde, par le roi Louis-Philippe en 1847.
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Saccages archéologiques : Hollande au Louvre pour lancer un « cri d'alerte »
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Abonnez-vous dès 1 €Statue de l'intendant Ebih-I, époque des dynasties archaïques, vers 2400 av. J.-C. Mari, Temple d'Ishtar © Photo Marie-Lan Nguyen - Licence CC BY 2.5