Directeur du British Museum depuis 1992, Robert Anderson est à l’origine de la Great Court. En poste jusqu’en 2002, il revient sur la genèse du chantier, les futures utilisations du lieu, et les projets du musée.
La Grande Cour a coûté 100 millions de livres (plus d’un milliard de francs). Le Fonds de la Loterie pour le patrimoine vous a alloué quelque 46 millions, comment avez-vous trouvé le reste ?
Partout dans le monde, dès que l’on dit “British Museum”, les gens savent de quoi on parle. C’était un avantage énorme. Notre principal donateur privé est la famille de Garry Weston, du groupe Associated British Foods. Il y a quatre ans, les Weston ont donné beaucoup d’argent pour les pièces consacrées à l’art roman anglais, et nous avons appris à connaître cette famille. Nous leur avons exposé le cas de la Great Court, sans réellement demander de donation. Ils nous ont d’abord donné 10 millions de livres, puis encore 10 millions supplémentaires. Cette donation est la plus importante que le Musée ait jamais reçue.
La Great Court va accroître considérablement la taille du musée. Aurez-vous besoin de subventions supplémentaires ?
Oui, nous en avons demandé. Mais les occasions de réunir des fonds ne manquent pas. Nous envisageons ainsi la vente de produits dérivés. Pour la première fois de son existence, le British Museum va faire construire des boutiques.
Revenons à la polémique concernant le portique sud. Le British Museum semble avoir été abusé lorsqu’il s’est procuré la pierre. La pierre d’origine française est beaucoup plus claire que l’originale.
J’adore le portique sud. Depuis la démolition de l’original en 1875, c’est la construction la plus importante entreprise par le musée. Pour éclaircir la pierre, nous avons procédé à un nettoyage afin d’éliminer les petites particules de poussière, cela a augmenté sa qualité réflective. Si on avait utilisé de la pierre de Portland et obtenu le résultat présent, on n’en parlerait pas autant. Je n’ai pas pensé une seconde qu’une pierre récente pourrait ressembler à une pierre qui est en plein air depuis cent cinquante ans.
La Great Court est avant tout un grand espace public, mais prévoyez-vous aussi d’y exposer des antiquités ?
Nous y présenterons quelques sculptures monumentales. Nous ne voulons pas que les objets soient perçus comme appartenant à une exposition, mais qu’ils servent à créer une ambiance. Les sculptures devront être de grande taille et faire référence aux collections. À l’entrée, il y aura deux sculptures classiques massives (le Lion de Cnide et un cavalier romain à cheval), et au fond, nous installerons une stèle de Nimrud et une statue de l’île de Pâques. Les accès aux salles égyptiennes seront signalés par deux têtes d’Aménophis II, les salles ethnographiques de la North Library par des stèles mayas et des statues de provenance chinoise.
Quelles sont les conséquences du retour du département d’ethnographie, qui était jusqu’à présent au Museum of Mankind (Musée de l’homme) à Burlington Gardens ?
Les galeries africaines ouvriront en décembre et la galerie d’ethnographie en 2003. Dans le domaine ethnographique, la chronologie a souvent peu de raison d’être et les pièces des galeries africaines seront accrochées de façon thématique. Le British n’est pas le seul musée à agir de la sorte. La Tate Britain est un exemple intéressant d’accrochage thématique.
Le Study Centre (Centre de recherches) est votre prochain grand projet. Inscrit dans un programme privé, qui comprenait la construction d’un hôtel dominant le musée, le projet initial a finalement été abandonné. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Nous demandons au Heritage Lottery Fund beaucoup plus d’argent que l’allocation qui nous avait été accordée. Nous avons également pu réunir des fonds en vendant les baux de propriétés foncières, comme les hôtels situés sur le flanc ouest de Montagu Street. La collection est bien évidemment au cœur du projet, dans tous les sens du terme, puisqu’elle occupera le centre du bâtiment. Plusieurs passages seront aménagés à l’extérieur, ils permettront une interaction entre les visiteurs et la collection. Le public a souvent l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose entre le moment où l’objet est exhumé et celui où il est exposé. Nous voulons donc montrer en quoi consiste la conservation. Nous exposerons notre collection de textiles, nos bibliothèques, et proposerons des présentations d’objets. Les premières salles du Study Centre devraient ouvrir leurs portes en 2003, les autres un an plus tard.
Actuellement codirigé par Robert Anderson et Suzanna Taverne, sa directrice administrative, le British Museum devrait connaître en 2002 des bouleversements à sa tête, à commencer par le départ de son président, Graham Greene. Nommé en avril 1996 pour un mandat de cinq ans, il restera jusqu’en juin 2002 pour assurer la continuité nécessaire à la restauration de la King’s Library et à l’achèvement du Study Centre. À la même date, la mission de Robert Anderson arrivera à échéance, il pourrait se voir proposer un nouveau contrat. Dans l’éventualité d’un départ de ce dernier, Suzanna Taverne, nommée en 1999 se porterait candidate au poste. La direction du British échouerait alors de nouveau à une seule personne.
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Robert Anderson : Une famille a versé 20 millions de livres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°116 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Robert Anderson : Une famille a versé 20 millions de livres