Musée

Nathalie Bondil : « La force de l’Ima, c’est l’art moderne et contemporain »

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 12 avril 2023 - 635 mots

PARIS

Nathalie Bondil dirige le département du musée et des expositions de l’Institut du monde arabe depuis mai 2021. Conservatrice du patrimoine, muséologue et historienne de l’art, elle a précédemment dirigé le Musée des beaux-arts de Montréal.

Nathalie Bondil. Courtesy Institut du monde arabe
Nathalie Bondil.
Courtesy Institut du monde arabe
Le musée de l’Institut du monde arabe va bientôt être entièrement rénové et repensé. En quoi ce musée était-il dépassé ?

Le parcours actuel date de 2012 et montre essentiellement des artefacts archéologiques, ethnographiques, ainsi que des objets scientifiques et d’arts décoratifs. Or, la récente donation Claude et France Lemand a, par sa taille et sa nature, complètement métamorphosé le profil de notre collection. Nous devons donc repenser la façon de la présenter. D’autre part, au cours de cette dernière décennie, une nouvelle approche des musées s’est fait jour, une nouvelle définition davantage portée vers les problématiques liées à l’inclusion, à la participation des publics et à la durabilité. Toutes ces réflexions sont importantes à intégrer à notre discours, tout comme les problématiques liées au genre, à la décolonisation, aux discriminations et au décentrement de nos perspectives, qui sont souvent eurocentrées. Grâce à nos collections, nous pouvons aborder ces différentes thématiques avec un point de vue très moderne.

Le panorama des musées s’est transformé depuis l’inauguration de l’Ima en 1987 : de nombreux lieux présentent désormais des expositions liées à l’islam et au monde arabe. Comment le musée va-t-il se positionner ?

Le musée existe depuis l’ouverture de l’Ima et les acquisitions en art moderne et contemporain arabe sont même antérieures à son inauguration, ce qui était vraiment pionnier à l’époque. C’est vrai que, depuis, les musées ont beaucoup évolué dans la constitution de collections ou la refonte de certains parcours. Mais notre singularité par rapport aux autres grandes institutions, c’est que nous ne sommes pas un lieu dédié aux cultures islamiques mais au monde arabe. Cela pose la question des cultures de manière très différente ; sous un angle qui peut aussi aborder des questions plus complexes sur les minorités sexuelles, les problématiques interconfessionnelles, mais aussi, par exemple, évoquer la laïcité qui a été fortement ancrée dans nombre de pays arabes au XXe siècle. De plus, notre force, notre unicité, c’est l’art moderne et contemporain. Nous sommes en effet le plus important musée d’art moderne et contemporain arabe en Occident.

Le ministère de la Culture a annoncé une enveloppe de 6 millions d’euros pour rénover le site. Quels seront les grands axes du chantier ?

Pour l’heure, la première phase consiste à refaire les réserves et compléter les inventaires. Le deuxième temps du chantier est la réfection du musée à proprement parler, qui va nécessiter un an de fermeture, a priori en 2025. D’ici là, nous aurons achevé le projet scientifique et culturel. L’idée est de refaire complètement les galeries, de les moderniser et de repenser les dispositifs muséographiques. Évidemment, on ne pourra pas tout montrer, on ne peut pas raconter toute cette histoire vertigineuse, mais on pourra au moins donner des clés plastiques et intellectuelles pour donner envie de comprendre ce monde et d’aller plus loin. Le nouveau musée offrira un voyage transhistorique, un voyage dans les arts et les civilisations arabes où les artistes et leurs œuvres sont des fenêtres qui nous amènent à découvrir ces passés, ces cultures.

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Labellisé Musée de France, le musée de l’Ima conserve des artefacts archéologiques et ethnographiques, des manuscrits ainsi que des œuvres d’art et des collections patrimoniales.


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C’est le nombre de pièces que compte la donation Claude et France Lemand. Consacré à l’art moderne et contemporain, ce fonds couvre la plupart des pays arabes.

 

« Un nouveau cycle pour l’institution qui, après des années difficiles au tournant des années 2000, connaît depuis une période relativement prospère après un boom des fréquentations : plus de 600 000 en 2022, dont près de la moitié sont des scolaires. » Le Figaro, 11 février 2023.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Nathalie Bondil : La force de l’Ima, c’est l’art moderne et contemporain

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