Archéologie

ARCHÉOLOGIE

Mise au jour d’une nécropole équine près de Châteauroux

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2024 - 413 mots

Le site a livré les restes de 28 chevaux et 3 chiens. Une découverte rare qui rappelle aux archéologues les fouilles de Gondole, près de Gergovie.

Indre. Avant la conquête de la Gaule par Jules César, les Bituriges dominent les plaines du Berry, quand les Arvernes exercent leur influence sur le Massif central. Les deux peuples gaulois n’entretiennent pas de relations, et n’ont pas d’histoire commune avant leur alliance contre les légions romaines. La découverte exceptionnelle d’une série de fosses réparties en ligne renfermant les ossements de vingt-huit chevaux et de trois chiens en plein territoire Biturige, à Villedieu-sur-Indre (Indre), ne connaît pourtant qu’un seul équivalent, à Gondole (Puy-de-Dôme), un site arverne. La position spécifique des corps, l’absence de traces d’exécution sur les ossements, comme celle de matériel archéologique (pas même un petit tesson de céramique !) sont autant de spécificités mystérieuses que partagent ces deux sites.

La fouille préventive de l’Inrap réalisée au printemps, dans le cadre d’un chantier de contournement routier mené par le département, a révélé cette nécropole équine à la surprise des archéologues. La prescription des fouilles concernait plutôt les niveaux du Haut Moyen Age, pour lesquels les archéologues ont découvert un vaste établissement agricole autour d’un ruisseau. La mise au jour de neuf fosses contenant deux à dix chevaux, et datées par le carbone 14 entre 100 avant et 100 après notre ère, était inattendue.

Grâce à leurs premières observations, les archéologues ont pu resserrer la chronologie sur la période gauloise : la morphologie des chevaux notamment rappelle celle des petites montures de guerres utilisées par les Gaulois. La fouille ne laisse pas d’autres indices que les ossements pour réduire les hypothèses. Celle d’une épidémie n’est pas écartée, mais le soin accordé à l’orientation et au positionnement des corps, en connexion régulière les uns sur les autres, met sur la piste d’un rituel. Celui-ci aurait été prestigieux et coûteux : une trentaine de chevaux, tous jeunes, mâles et pour la plupart en bonne santé apparente, constituerait un sacrifice de grande valeur.

Le rapprochement du site berrichon avec les cinquante-trois chevaux découverts à Gondole en 2002 représente une piste de travail séduisante pour les archéologues : « L’interprétation pourrait être celle d’une célébration, suppose Stéphane Frère, archéozoologue à l’Inrap. Pour l’heure, seule la victoire de Gergovie pourrait correspondre à un évènement commun entre Bituriges et Arvernes. » Reste à faire parler l’ADN et l’émail dentaire des équidés qui rapprocheront peut-être ces fosses intrigantes avec l’épisode charnière de la conquête romaine.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Mise au jour d’une nécropole équine près de Châteauroux

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