LYON
Le président de la Région Auverge-Rhône-Alpes a présenté un nouveau projet de rénovation du musée lyonnais qui intègre les doléances exprimées au terme d’une enquête publique.
Lyon. Très investi dans le projet de rénovation du Musée des tissus, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a présenté le 16 janvier dernier, à l’hôtel de Région [voir ill.], une nouvelle proposition qui tient compte des critiques précédemment exprimées par les riverains. En effet, rejeté dès la publication du premier projet d’extension du musée, jugé insuffisamment compatible avec les objectifs de la charte d’urbanisme locale par la Mairie de Lyon, l’extension dessinée par l’architecte Rudy Ricciotti n’avait pas passé l’épreuve de l’enquête publique, dont les conclusions livrées à l’été 2022 étaient défavorables à une modification du Plan local d’urbanisme (PLU) permettant le dépôt du permis de construire. Alors que plus personne ne s’attendait à un dénouement rapide de la situation, la Région a donc pris tous les acteurs de court en amendant son projet.
Avec 20 % de surfaces en moins (passant de 6 900 m2 à 5 500 m2), le nouveau projet permet de faire totalement disparaître le « mur de la discorde », qui devait obstruer les fenêtres des riverains du 33, rue Auguste-Comte. En lieu et place de cette aile contestée, c’est un espace vert qui est désormais programmé, pour rendre hommage à la forme « entre cour et jardin » des hôtels particuliers du XVIIe siècle. L’hôtel neuf, qui reliera les deux hôtels particuliers historiques du musée, a lui aussi été réduit afin de ne plus surplomber les jardins de l’hôtel particulier voisin de Norbert Dentressangle. L’ensemble des niveaux a été rabaissé, pour rentrer dans le cadre des réglementations d’urbanisme locales, et l’idée d’un rooftop a également été abandonnée. L’entrée de ce futur musée ne se fera plus par le jardin, mais par le porche de l’hôtel Villeroy.
Avant cette présentation officielle, c’est devant les riverains réunis en association de défense que Laurent Wauquiez avait révélé ces modifications. Évitant pendant deux ans tout contact avec les riverains, la Région et son président ont ainsi fait volte-face en prenant en compte leurs doléances. « On a manqué ce moment où on aurait pu échanger avec les riverains, je leur présente mes excuses », déclarait Laurent Wauquiez, accédant également à l’une de leurs requêtes : mettre en place une servitude de non altius tollendi afin de « graver dans le marbre » l’impossibilité de construire devant leurs fenêtres.
« On a remodelé le musée selon les besoins du public, des équipes et des riverains », explique Aziza Gril-Mariotte, directrice du Musée des tissus arrivée l’été dernier. Au terme de deux ans d’un dialogue de sourds, Laurent Wauquiez estime avoir « fait d’un moment de tension quelque chose de positif », et pense que« le projet est bien mieux comme cela ». Le budget global de la transformation demeure le même, 60 millions d’euros, dont 10 % pris en charge par l’État : « On est très reconnaissant », ironise le président de la Région, qui déplore l’épaisseur de l’enveloppe. S’il raille ainsi le représentant de la Drac, impassible, venu assister à la présentation, c’est aussi parce que la Région doit s’atteler à un nouveau chantier. Avec la diminution des espaces, il devient impossible d’entreposer les réserves sur le site même. La Région acte ainsi la nécessité d’un centre de conservation extérieur et envisage avec la Ville de Lyon de mutualiser cet espace. Pour la Région, qui vante son sérieux budgétaire, la facture pourrait grimper de 15 millions d’euros.
Méfiants, les riverains ont finalement considéré cette présentation comme « une grande étape ». Ils attendent toutefois d’avoir accès aux plans définitifs : « Nous sommes positifs, mais nous restons prudents, fait savoir Isabelle Belval, présidente de l’association. On fait attention à tout ; nous avons été tellement malmenés qu’on a du mal à se réjouir ! » L’association consultera ses membres avant de donner son aval à ce « contrat d’adhésion », proposé par Laurent Wauquiez, à prendre ou à laisser. Et pour écarter la seconde option, le président de la Région et le maire du 2e arrondissement (LR) avancent la menace de promoteurs immobiliers qui pourraient s’emparer de la parcelle si le projet ne se faisait pas.
La ville dirigée par le maire écologiste Grégory Doucet pourrait collaborer avec la Région sur le centre de conservation commun : « C’est une idée que j’ai mise sur la table pour tenter d’aider la Région à sortir par le haut de cette situation, qui s’est produite parce qu’elle a travaillé seule dans son coin », expliquait l’édile dans les colonnes de la Tribune de Lyon. La Mairie de Lyon qui avait pris soin de dépolitiser le sujet devra accorder ou non le permis de construire. Elle attend un dossier complet et le retour définitif des riverains pour se prononcer. Laurent Wauquiez n’en doute pas, « tel que nous l’avons reparamétré, le projet ne nécessite plus de modifications du PLU ». Il est vrai qu’il a un calendrier à tenir : l’inauguration du parcours permanent du Musée des tissus en 2026, puis une ouverture complète en 2028. Et, entre les deux, l’année de l’élection présidentielle 2027.
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Lyon, le Musée des tissus fait profil bas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°604 du 3 février 2023, avec le titre suivant : Lyon, le Musée des tissus fait profil bas