Reina Sofia : Maria Corral limogée
Le ministre espagnol de la Culture, Carmen Alborch, a limogé le directeur du Centre Reina Sofia de Madrid, Maria Corral, en invoquant "un manque de confiance". Elle réclame "un changement de cap" pour le premier centre d’art contemporain du pays. Nommée par Jorge Semprun en décembre 1990 à la tête du Reina Sofia, Maria Corral était vivement critiquée par le nouveau ministre de la Culture, arrivée au pouvoir en juillet 1993. Carmen Alborch reproche au centre d’art contemporain de ne pas promouvoir suffisamment les artistes espagnols dans les acquisitions et les expositions et, pour ces dernières, de trop "acheter" des manifestations participant aux circuits internationaux, ce qui, selon elle, "est facile et coûteux". Déjà, Carmen Alborch avait manifesté son désaccord envers le directeur du Prado, Francesco Calvo Serraller, ce qui avait entraîné la démission de ce dernier (JdA n° 4, juin).
"Carmen Alborch était gênée par mon prestige international, a déclaré Maria Corral au Giornale dell’Arte, avant d’être ministre, elle était pratiquement inconnue."
"Je connaissais les intentions de Carmen Alborch depuis sa nomination, il y a un an, a-t-elle ajouté, toutefois une telle décision eût été très impopulaire à l’époque. Stratégiquement ce limogeage arrive au bon moment : trois grandes expositions vont être inaugurées – "Dali, les années de jeunesse", "Le Surréalisme espagnol", et "Le Cuit et le Cru", un aperçu sur les recherches artistiques internationales. Évidemment, Carmen Alborch ne pouvait supporter l’idée de voir les journaux publier des photographies où l’on me verrait aux côtés de la Reine, lors de ces inaugurations !..". Maria Corral soutient qu’entre 1991 et 1994, le Reina Sofia a acquis 183 œuvres d’artistes espagnols et 39 d’autres pays. "J’ai surtout œuvré pour l’art contemporain, en particulier en dédiant une salle à l’œuvre de Fontana, que tout le monde nous envie, et une à Chillida". José Llado, président du conseil d’administration du Centre Reina Sofia a exprimé sa surprise en apprenant le départ de Maria Corral, "une extraordinaire directrice"..
Saint-Étienne : Et de deux !
Moins de trois mois après avoir bénéficié de la donation de Ninon et François Robelin (JdA n°6, septembre), le Musée d’art moderne de Saint-Étienne reçoit en dépôt "pour au moins dix ans" la collection d’art contemporain rassemblée par la Caisse des dépôts et consignations. L’institution avait consulté une douzaine d’établissements avant de choisir celui dirigé par Bernard Ceysson. Le musée exposera par rotation les cinquante-huit pièces, réalisées par vingt-et-un artistes (Absalon, Alberola, Boltanski, Ange Leccia, Toroni, Tosani…). La donation Robelin (cent cinquante tableaux et sculptures des années 60 et 70) sera, elle, exposée à partir de février. Cette double "manne" rend encore plus urgents les projets d’agrandissement du musée, que Bernard Ceysson considère comme "une nécessité".
L’invitation au musée
La Direction des musées de France et la Réunion des musées nationaux renouvellent ce mois-ci l’opération "Invitation au musée". Le "cru" 94 vise particulièrement le public jeune. Le week-end des 8 et 9 octobre, la gratuité dont bénéficie en permanence tout jeune visiteur jusqu’à dix-huit ans sera étendue à deux adultes accompagnateurs.
Beauvais, un catalogue raisonné des collections du XIXe et XXe siècle. Le Musée départemental de l’Oise à Beauvais publie, en deux volumes, aux éditions d’art Monelle Hayot, le catalogue raisonné de ses collections du XIXe et XXe siècle, De Thomas Couture à Maurice Denis. Dans un premier volume, les peintures et dessins sont classés selon des catégories – histoire, portrait, genre, paysage – et une étude spéciale est consacrée à Thomas Couture, dont l’immense toile Enrôlement des Volontaires de 1792 a été accrochée en 1981, date d’ouverture du musée. Le tome II couvre les collections du XXe siècle en neuf sections chronologiques, en allant du Symbolisme à l’estampe contemporaine. À l’occasion de cette édition, le musée de Beauvais présente, du 5 octobre au 5 décembre, une exposition de quelques-uns de ses plus beaux dessins des XIXe et XXe siècles.
Robert J. Korengold, ministre conseiller aux Affaires culturelles et à l’Information à l’ambassade des États-Unis à Paris, devient administrateur du Musée d’art américain de Giverny.
Le Musée d’art moderne de New York a reçu l’une des donations les plus généreuses de son histoire. Nina Bunshaft, veuve de l’architecte et administrateur du Musée Gordon Bunshaft, a légué toute sa collection d’art moderne : Dubuffet, Giacometti, Moore et Miró. Le musée hérite aussi du produit de la vente de la propriété du couple, située à East Hampton.
Le Getty acquiert un rare album de David
Santa Monica. Le Getty Center for the History of Art and the Humanities vient d’acquérir un rare album de dessins de Jacques-Louis David. Seuls cinq albums du célèbre peintre néoclassique nous sont parvenus intacts.
Les albums de David sont considérés comme fondamentaux pour l’étude de la formation de l’artiste, des origines et de la signification du néoclassicisme. Celui que vient d’acquérir le Getty – qui sera disponible pour les spécialistes, sur rendez-vous – rassemble 98 dessins, sélectionnés par David lui-même, sur les centaines d’œuvres réalisées en Italie. Outre des études inspirées de tableaux anciens, de paysages italiens et de vues de Rome, ainsi que quelques compositions originales, la majeure partie des dessins a pour sujets des sculptures anciennes et des reliefs appartenant à des collections romaines. Presque tous remontent au premier voyage de 1775, lorsque l’artiste, âgé de vingt-sept ans, avait obtenu le Prix de Rome. La rencontre avec la sculpture ancienne a été fondamentale pour lui durant ce séjour ; elle l’a poussé vers un style sévère, d’une grande rigueur formelle, aux contours nets, et vers les sujets classiques. D’autres dessins se rattachent au second voyage à Rome, en 1784-1785, l’année où il exécuta l’une de ses toiles plus fameuses, Le serment des Horaces.
Les septièmes "Entretiens du patrimoine" se tiendront les 28, 29, et 30 novembre à Paris, au Palais de Chaillot. Organisés par la direction du Patrimoine, ils auront pour thème "science et conscience du patrimoine". Présidé par Pierre Nora, ce colloque abordera les relations entre patrimoine et sciences humaines, ainsi que les moyens et les instruments de la connaissance pour la protection et la politique du patrimoine. Ils célébreront également le trentième anniversaire de l’Inventaire.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les Brèves : Reina Sofia : Maria Corral limogée..
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Les Brèves : Reina Sofia : Maria Corral limogée..