LONDRES / ROYAUME-UNI
Les travaux de rénovation, financés par l’Université de Londres et des donations, ont permis de créer de nouveaux espaces pour la recherche en histoire culturelle.
Londres. Le Warburg Institute, niché dans le quartier londonien de Bloomsbury, a célébré début octobre la fin de ses travaux de rénovation. Spécialisé dans la recherche interdisciplinaire sur l’histoire de l’art, des idées et des images, il se trouve toujours dans le même bâtiment de briques rouges qui l’avait accueilli en 1958. D’abord créé à Hambourg par l’historien de l’art Aby Warburg, en 1900, l’institut avait été déplacé à Londres pour fuir l’Allemagne nazie en 1933. Il avait ensuite été rattaché à l’Université de Londres, en 1944.
« En 2016, l’université a alloué un budget de 9,5 millions de livres sterling (11,41 M€) pour sa rénovation, indique Bill Sherman, le directeur. Un premier plan avait été établi pour réparer ce bâtiment très apprécié mais longtemps négligé. » Mais deux ans plus tard, ce projet a évolué pour une transformation en profondeur de l’institut. « Le plan de 2016 consistait à réparer le bâtiment, précise-t-il. Celui de 2018, appelé “The Warburg Renaissance”, a pris en compte ses besoins pour l’avenir. »
Pour réaliser ces travaux d’une autre ampleur, le Warburg Institute parvient à lever plus de 5 millions de livres (6 M€) de donations philanthropiques. L’agence d’architecture Haworth Tompkins, chargée de la transformation, a tenu à conserver le caractère historique du bâtiment. « Nous avons conçu le projet en assimilant la culture du Warburg, explique Elizabeth Flower, son architecte. L’odeur des rayons, les livres entassés dans les bureaux universitaires, les objets curieux et les artefacts dans tous les coins… Cette atmosphère particulière était entretenue par des intérieurs des années 1950 bien conservés. » Paravents, planchers en bois et colonnes cannelées en bois confèrent au bâtiment une sorte d’« esthétique formelle modeste » qu’il fallait préserver. Mais cette transformation devait être aussi une « opportunité pour créer plus de transparence et d’ouverture ».
Lancés en juillet 2022, ces travaux se sont déroulés en trois étapes. « Nous avons travaillé sur les six étages du bâtiment, deux étages à la fois, en déplaçant à chaque fois les livres des étages en cours de travaux vers d’autres emplacements temporaires », détaille Bill Sherman. Cette organisation a permis de conserver un accès à la bibliothèque sur une période de deux ans pour les lecteurs et étudiants.
Une nouvelle extension de deux étages a été construite dans la cour. L’institut comporte désormais une galerie, la « Kythera Gallery », et un auditorium. Dénommé « Hinrich Reemtsma Auditorium », du nom du donateur le plus important, cet espace peut accueillir jusqu’à 140 sièges, contre les 80 sièges de l’ancienne Lecture Room. Il servira pour des conférences, des projections et des performances.
Une nouvelle salle, « The Wohl Reading Room », est désormais ouverte aux lecteurs de la bibliothèque, aux étudiants et aux boursiers, ainsi qu’un espace dévolu à l’étude des collections spéciales, notamment les livres rares et les manuscrits. La salle « Marie-Louise von Motesiczky » a été améliorée et l’espace d’accueil a été ouvert. Ce dernier comporte désormais la frise en pierre de Coade de l’établissement, représentant les neuf muses des arts et des sciences, qui a aussi été restaurée. Malgré ces transformations, la bibliothèque conservera son système de classification : quatre thématiques (« image », « mot », « orientation » et « action ») réparties sur autant d’étages. Une réorganisation de l’agencement permet cependant d’agrandir les capacités des collections de l’institut qui abrite 400 000 images et 360 000 ouvrages.
D’un point de vue pratique, ces travaux avaient pour objectif de mettre le bâtiment en conformité avec les normes actuelles sur le plan de l’accessibilité et de la signalétique, et de moderniser le système informatique. Mais Bill Sherman entend aussi par ce projet favoriser le travail de recherche au sein du Warburg. « L’Institut joue un rôle crucial dans l’acquisition des compétences critiques et créatives nécessaires pour l’avenir, indique-t-il. Dans notre monde saturé d’images numériques, il permet de comprendre comment les images sont classées, interprétées et utilisées. Ce projet de construction nous permettra de le faire mieux que jamais. »
Le projet Warburg Renaissance comprend un programme de bourses en résidence. Les postes, ouverts pour trois « praticiens créatifs » par an, encouragent l’interdisciplinarité. Ils s’adressent aux artistes plasticiens, aux cinéastes, aux photographes, aux compositeurs, aux concepteurs, aux développeurs de jeux et aux écrivains. Enfin, le directeur espère que ces nouveaux espaces attireront un public plus large et diversifié. « Nous aimerions partager ce que le Warburg a à offrir aussi bien aux milliers d’étudiants du quartier qu’aux millions de personnes intéressées par la culture qui visitent le British Museum ou la British Library, présents aussi à Bloomsbury. » Si certaines expositions seront très spécialisées et créées à partir des collections de l’institut, d’autres porteront sur des sujets plus populaires et seront conçues à l’aide des prêts de grandes collections internationales.
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Le Warburg Institute se modernise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : Le Warburg Institute se modernise