Une enquête menée par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur montre que ses monuments génèrent environ 1,2 milliard d’euros de revenus indirects par an.
MARSEILLE - La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) compte actuellement 2 184 monuments et sites protégés. Face à l’état déplorable de certains d’entre eux, elle a lancé en 1999 un vaste plan de rénovation des édifices antiques (lire le JdA no 172, 30 mai 2003), mission aujourd’hui élargie à l’ensemble du patrimoine territorial (toutes époques confondues). Compte tenu de l’ampleur du travail à accomplir pour sauvegarder puis valoriser ce patrimoine, une enquête a été menée de novembre 2004 à septembre 2005 à travers tout le territoire pour en évaluer les coûts et profits. Les résultats sont pour le moins édifiants : l’impact économique du tourisme culturel en PACA est estimé à 1,2 milliard d’euros par an (hors musées) ! Confiée à l’Agence régionale du patrimoine (créée à l’occasion du lancement du plan pour le patrimoine antique) et coordonnée par le sociologue Hervé Passamar, cette étude relève les bénéfices directement liés au patrimoine, mais aussi les ressources indirectes et « induites » ainsi que les définit l’économiste Xavier Greffe – exemple : un emploi créé par le tourisme engendre, par ricochet, un emploi dans l’économie locale.
17 % de touristes patrimoniaux
D’après les conclusions de l’enquête, le patrimoine coûte 100 millions d’euros par an (dont plus de la moitié en personnels), tandis qu’il rapporte plus de 19 millions d’euros, dont 13,6 millions de billetterie (le reste provenant des boutiques-librairies, visites guidées, événements culturels, restaurants ou parkings). À ces revenus il convient de mettre en perspective le chiffre d’affaires du Groupement français des entreprises de restauration de monuments historiques (37,6 millions d’euros pour 2004) et, surtout, le 1,2 milliard d’euros de revenus indirects (nourriture, hébergement, déplacements, achats sur place…) que génère le patrimoine. Ce chiffre a été calculé sur la base des 7,5 milliards d’euros de dépenses recensées par le Comité régional du tourisme ainsi que sur les 17 % de touristes de la région à être considérés comme « patrimoniaux ». « Et nous sommes plutôt sur des hypothèses basses ! », précise Hervé Passamar.
Grandes disparités
Pour l’emploi, le mode de calcul est similaire : le patrimoine engendre plus de 3 300 emplois directs (2 000 fonctionnaires, 900 guides et plus de 400 employés liés à l’accueil), mais en totalise presque 50 000 dès que l’on prend en compte les emplois indirects (27 000 employés travaillant dans des entreprises ayant une certification « restauration du patrimoine ancien et bâtiment historiques », artisans et architectes du patrimoine).
Autre source venant corroborer cette analyse, la Sofres évalue à 34 % du total des dépenses touristiques celles occasionnées par le patrimoine. D’après l’institut de sondage également, 20 % des touristes déclarent voyager pour des motifs strictement culturels… Il existe cependant de grandes disparités selon les édifices et les sites. Ainsi, huit monuments de la région concentrent à eux seuls 75 % des recettes de la billetterie (le Palais des papes et le pont Saint-Bénézet à Avignon, la citadelle des Baux-de-Provence, le théâtre d’Orange, l’amphithéâtre d’Arles, la villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap Ferrat, le village des Bories à Gordes, l’abbaye du Thoronet et l’abbaye de Sénanque). Bernard Millet, directeur de l’Agence régionale du patrimoine, souligne en outre la nécessité pour la Région PACA de « développer une réelle politique de valorisation des monuments ou des sites », dont le nombre de visiteurs annuels s’élève à plus de deux millions de personnes. « Pour que ces sites continuent à vivre, il faut qu’ils soient intégrés à leur environnement contemporain, il faut sensibiliser et impliquer la population. » Et dans ce domaine, il reste tout à faire, ou presque. Manque de personnels, d’outils pédagogiques et informatiques, ou tout simplement de connaissances…, rares sont les monuments faisant montre d’une réelle cohérence dans leur action patrimoniale. À titre d’exemple, seuls 10 % d’entre eux possèdent une boutique ou une librairie.
Il est à espérer que les chiffres révélés par l’Agence régionale du patrimoine sauront convaincre les élus jusque-là réticents d’investir dans le patrimoine, valeur sûre des Temps modernes.
- Monuments et sites protégés : 2 184 (753 classés, 1 284 inscrits, 147 classés et inscrits) - Touristes annuels : entre 2 et 2,5 millions de personnes - Dépense publique en faveur du patrimoine protégé (travaux restauration/rénovation) : 27 millions d’euros - Coût global du patrimoine (entretien, travaux, salaires) : 100 millions d’euros - Impact économique indirect du patrimoine : 1,275 milliard d’euros - Recettes d’exploitation des sites : 19,1 millions d’euros - Nombre d’emplois générés par le patrimoine dans la région PACA : 48 000-50 000
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Le patrimoine rapporte gros
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°229 du 20 janvier 2006, avec le titre suivant : Le patrimoine rapporte gros