TOULOUSE
Ancien Musée des arts décoratifs et graphiques, le musée toulousain rouvre ses portes sous l’appellation « Musée des arts précieux ». Malgré une scénographie claire et confortable, il peine à trouver un fil conducteur.
Toulouse. Soulagement en cette mi-novembre pour Pierre Esplugas-Labat, adjoint chargé des musées à la Ville de Toulouse : l’un des trois grands musées toulousains fermés pour travaux rouvre enfin ses portes. Alors que la rénovation du Musée des arts décoratifs et graphiques Paul-Dupuy était prévue en un an, trois ont été nécessaires à sa refonte menée en pleine crise sanitaire. Un budget serré de 1,4 million d’euros a été investi pour renouveler totalement le parcours, la scénographie et l’identité visuelle, jusqu’au nom même du musée, désormais consacré aux « arts précieux ».
D’abord cabinet de curiosités privé pour Paul Dupuy, l’héritier d’une famille bourgeoise de Toulouse, l’hôtel particulier et ses collections (objets d’art, ethnographiques, mobilier, dessins…) reviennent à la municipalité en 1949. Pour mettre de l’ordre dans cet ensemble hétéroclite, le premier conservateur, Robert Mesuret, choisit une muséographie ordonnée par techniques.
Transformée en « bonbonnière » dans les années 1980, le parcours « arts et métiers » se fanait devant des cimaises au rose passé. « Une muséographie usée, sans lisibilité, et beaucoup d’œuvres en réserve », explique Francis Saint-Genez, directeur des lieux. À l’heure de donner un second souffle au musée, celui-ci remarque une fréquente occurrence du mot « précieux » dans les archives évoquant le musée. Une piste poursuivie pour donner de la cohérence à cet amalgame de collections : celle de Paul Dupuy, le fonds des arts décoratifs de la ville, la donation de l’horloger Édouard Gélis, la collection Rouzaud consacrée au cinéma et les 250 000 spécimens du Musée de l’affiche de Toulouse.
Mais avec un tel nom, on est un peu surpris en découvrant, à l’entrée du musée, l’habillage sobre et mat imaginé par Éric Benqué, spécialiste des scénographies minimales en bois apparent. Seul le nouveau logo, qui évoque les horloges de la collection Gélis, scintille. La préciosité n’est pas le brillant ou le clinquant, s’empresse de préciser un texte introductif : la rareté, la technicité, mais aussi la signification historique et sentimentale d’une pièce entrent dans le champ du « précieux ». Un habile tour de passe-passe, qui transforme les missions traditionnelles d’un musée en une identité singulière.
Il n’est néanmoins pas facile de trouver une colonne vertébrale à ces collections si variées, que le musée enrichit régulièrement par une politique d’acquisition active. Dans le nouveau parcours aux tons rouille, les collections consacrées au cinéma et au pré-cinéma au sous-sol, et les horloges anciennes – « fleuron de la collection » – installées à l’étage, fonctionnent comme des petits musées dans le musée. Avec succès, puisque ces enfilades de salles offrent des outils de médiation, manipulables ou numériques, qui éclairent le fonctionnement de ces précieux mécanismes. Temps fort du parcours, la collection horlogère d’Édouard Gélis devient un prétexte à une brève histoire du goût : des meubles d’époque accompagnent les vitrines, donnant du relief à cette présentation de trésors miniatures.
Le parcours est réparti selon des thématiques fourre-tout : « Enfermer la préciosité », « Précieuse nature », « Préciosité profane, préciosité sacrée », etc. Au-delà des mots, l’ambiance de cabinet de curiosités est renforcée par le parti pris de déplacer les explications sur des fiches, débarrassant l’expérience visuelle de la présence des cartels.
Avec un espace d’exposition généreux au second étage, le nouveau Musée Paul-Dupuy va pouvoir renforcer son identité « précieuse » par des expositions temporaires, en commençant, en 2023, par le plumassier Maxime Leroy.
Une interrogation subsiste sur les arts graphiques, qui n’apparaissent plus dans le nom du musée, ni dans le parcours permanent. Francis Saint-Genez aimerait transformer le petit amphithéâtre en une salle d’exposition pour la collection de 6 000 dessins et 30 000 estampes, qui compte des feuilles signées Paul Véronèse, Tintoret ou Eugène Delacroix, ainsi qu’un fonds de référence pour la création occitane. Mais le petit hôtel particulier du quartier des Carmes pourra-t-il vraiment tout montrer ?
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Le musée Paul-Dupuy rouvre sous un nouveau nom
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°600 du 2 décembre 2022, avec le titre suivant : Le musée Paul-Dupuy rouvre sous un nouveau nom