SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Dernière maison de l’artiste qui y résida près de trente ans, le musée a réouvert à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, après une première phase de grands travaux.
Saint-Germain-en-Laye. Inaccessible au public pendant trois ans pour cause de rénovation, le Musée départemental Maurice-Denis a rouvert ses portes le 18 septembre. Cet ancien hôpital royal, fondé au XVIIe siècle par Madame de Montespan, est acquis en 1914 par le peintre Maurice Denis, Saint-Germanois d’origine. Acheté par la suite par le département, il devient un musée en 1980 à la faveur d’un important don consenti par la famille de l’artiste. Classé monument historique, « le bâtiment, ancien, avait besoin de ces travaux », explique la directrice des lieux, Marie-Aline Charrier. Aucun chantier d’une telle envergure n’avait encore été mené depuis sa transformation en musée, il y a quarante ans. Cette première campagne de travaux d’un montant de 5,3 millions d’euros a été entièrement prise en charge par le département.
La fermeture au public, en juillet 2018, a sonné le début d’un vaste chantier des collections. « Il fallait vider entièrement le musée de ses quelque 5 000 œuvres », explique la directrice. Sans lieu adéquat pour recevoir ces œuvres en transit, le département a acheté et construit des réserves externalisées pour la conservation et le stockage, disposant également de locaux permettant de travailler sur des œuvres de très grands formats, allant jusqu’à cinq mètres.
C’est seulement une fois le transfert des collections terminé que la première phase de rénovation du bâtiment et de ses abords a pu commencer : restauration de l’escalier monumental à double révolution, réfection des peintures et des éclairages dans les salles d’exposition et remplacement des appareils techniques vieillissants (chaudières, centrales d’air), « primordial à la fois pour la conservation des œuvres et pour le confort des visiteurs », souligne la directrice.
Mais le musée s’est surtout confronté au défi de la mise en accessibilité d’un monument historique, aussi bien en extérieur, avec l’arasement des pavés, qu’en intérieur, avec l’installation d’un ascenseur et d’une table élévatrice. La question de l’accessibilité est importante pour ce musée qui tente d’infléchir sa politique des publics en ce sens, avec la rédaction de son projet scientifique et culturel. Pour 2022, le musée vise l’obtention du label « Tourisme & Handicap ». Les équipes du musée travaillent d’ailleurs en étroite collaboration avec des établissements spécialisés et des artistes plasticiens, comme Éric Plety, dont une rétrospective du travail mené avec les résidents du foyer Camille-Claudel est présentée pendant deux mois dans une pièce du musée.
Le vaste jardin a lui aussi connu une mise en beauté avec près de 4 000 bulbes de fleurs plantés ; il accueille également trois nouvelles statues dont L’Été sans bras d’Aristide Maillol, prêtée par le musée du même nom.
Néanmoins les travaux dans le jardin sont encore loin d’être terminés. En effet, le dernier atelier de Maurice Denis, construit dans le jardin en 1912, nécessite lui aussi un travail conséquent de restauration. « L’artiste a fait construire cet atelier de 150 mètres carrés au sol sur 10 mètres de haut lorsqu’il a reçu la commande du plafond du théâtre des Champs-Élysées », explique Marie-Aline Charrier. « Il devait être provisoire et les matériaux employés n’étaient pas faits pour durer, ce qui explique son mauvais état aujourd’hui. Ce sera la dernière étape des travaux que le département va entreprendre, pour le réintroduire dans le parcours de visite. Des mesures conservatoires seront prises dès cet automne pour le stabiliser et ensuite pouvoir le restaurer. »
Ces changements de formes se sont accompagnés de quelques améliorations muséographiques, comme l’arrivée de deux maquettes (dont une modélisant l’escalier à double révolution) et de cinq tablettes numériques faisant défiler des photographies d’époque, ainsi que de grands « wallpaper » reproduisant des photos du temps où Maurice Denis habitait les lieux.
« Notre réouverture est vraiment placée sous le signe du nouveau label “Maison des illustres”, obtenu en 2017. Pour nous, il s’agit de donner à sentir ce qu’était la maison de Maurice Denis, son espace de vie. C’est ainsi que nous avons aussi conçu notre exposition de réouverture », relate Fabienne Stahl, commissaire de l’exposition.
Intitulé « Bonheur rêvé », cette exposition propose une immersion dans l’intimité de Maurice Denis. Avec quelques prêts d’envergure du Musée d’Orsay, comme Les Muses, le parcours chronologique donne à voir la vie de l’artiste dans la ville de Saint-Germain-en-Laye, où il a grandi avec ses parents, fondé une famille avec sa première épouse, Marthe, et gravité dans la galaxie des peintres Nabis. Le parcours s’achève sur le quotidien du peintre dans ce monument, dont l’usage de chaque pièce est désormais indiqué par de petits cartels.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le musée Maurice-Denis réouvre ses portes
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Le musée Maurice-Denis réouvre ses portes